Armand Manival (Zestia) : "Être entrepreneur, c'est avant tout un état d'esprit"

Camille Boulate
Armand Manival (Zestia) :

Lancé dans l'entrepreneuriat à 19 ans, Armand Manival a créé sa propre entreprise spécialisée dans le courtage de prêts et dans la chasse de bien immobiliers. Avec Zestia, l'entrepreneur entend dépoussiérer le marché et mise sur la franchise pour se développer.

Pour Armand Manival, l'envie d'entreprendre est arrivée très tôt. Mais avant de se lancer, le jeune bordelais a commencé sa carrière professionnelle comme stagiaire puis est devenu alternant dans un cabinet de courtage de prêt immobilier. "Je suis tombé fou amoureux de ce métier. Mais rapidement, j'ai vu les limites du métier. Je trouvais que le schéma de rémunération n'était pas forcément bien ficelé", insiste Armand Manival. L'entrepreneur envisage alors rapidement de se lancer à son compte dans ce secteur d'activité, avec un concept revisité et innovant. Mais très vite, il fait face à certaines difficultés, notamment liées à son âge. "J'ai monté une première entreprise de courtage, en auto-entrepreneur, avec l'optique de collaborer avec les agences immobilières", détaille-t-il, avant d'ajouter :

Malgré une prospection importante personne ne m'a donné ma chance.

Pour contrer cette difficulté, le jeune homme, âgé 19 ans à l'époque, monte une autre entreprise, cette fois-ci spécialisée dans l'événementiel. "J'ai analysé les bars qui étaient en perte de croissance et je les ai démarché en proposant de leur ramener plus de clients, en échange de réduction sur les consommations", explique Armand Manival. Grâce à cette activité, l'entrepreneur parvient à se bâtir une notoriété, notamment en réinvestissant l'ensemble de son chiffre d'affaires dans de la publicité pour son activité de courtage. "Les clients qui venaient consommer dans les bars étaient des trentenaires avec des projets immobiliers (achat ou revente). Cela m'a permis de prospecter et de convaincre mes premiers clients", insiste Armand Manival.

Modèle hybride

En 2020, Armand Manival créé finalement Zestia, entreprise dédiée au courtage de prêts mais également à la chasse immobilière. À l'époque, l'entrepreneur se confronte à la situation économique difficile pour le secteur, due à la sortie du confinement. "L'immobilier était en chute libre. À ce moment-là, j'ai fait le choix de sacrifier mon indépendance et mon confort. Je suis retourné vivre chez mes parents afin d'économiser le loyer et d'investir dans mon entreprise", détaille le jeune homme. Et ce dernier détaille :

Je me suis lancé avec 2 000 euros en poche. Aujourd'hui, je serais en mesure de me rémunérer mais je ne le fais pas encore. Je réinvesti tout dans mon entreprise.

Avec son concept hybride, Armand Manival entend changer et adapter le métier de courtier mais aussi d'agent immobilier. "Je veux protéger davantage l'acquéreur. Je ne suis pas rémunéré par les banques, chose encore très commune dans le domaine du courtage. Je suis payé uniquement par les clients à condition de résultat", insiste-t-il. Surtout, le chef d'entreprise affiche une double expertise. Outre le courtage, il propose également aux futurs acquéreurs de rechercher leurs biens immobiliers en effectuant les visites, les analyses des diagnostics techniques et des estimations immobilières. "Mon rôle est de tout faire pour sécuriser le projet d'achat", insiste Armand Manival avant de préciser :

Après ce travail réalisé en amont, si le client a un coup de cœur pour un bien, nous le contre-visitons ensemble.

Un modèle que le jeune entrepreneur a dû adapter et faire évoluer au fil de l'eau, pour le rendre pleinement opérationnel courant 2022 avec l'ouverture d'une première agence, sans local, qui lui permet d'agir sur l'ensemble du territoire. "Une première agence physique ouvrira dans les prochaines semaines à Libourne", précise Armand Manival. Aujourd'hui, Zestia mise sur le modèle de la franchise pour se développer. Présent pour la première fois au salon Franchise Expo Paris, qui s'est tenu fin mars, l'entrepreneur prévoit une dizaine d'ouvertures en 2023. "Dès 2024, nous visons 30 ouvertures", affirme le jeune franchiseur.

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Prendre le temps

D'ailleurs, la franchise est apparue comme un moyen évident pour se déployer. Pour y parvenir et structurer son réseau, Armand Manival lève 300 000 euros en juillet 2022. "La franchise est un modèle rapide, efficace et me permet de conserver l'identité de Zestia tout en investissant le territoire avant qu'un concurrent émerge", précise-t-il. Son rôle de franchiseur, l'entrepreneur admet le vivre avec un peu de stress. "Une fois la levée de fonds finalisée, cela devenait concret et m'a fait un peu peur", confie-t-il, avant de nuancer :

Mais c'est aussi cela l'entrepreneuriat. Si on ne fait pas de nuits blanches c'est que l'on n'a pas pris assez de risques. Aujourd'hui, j'ai les problèmes que j'ai toujours rêvés d'avoir.

Pour se développer, Armand Manival souhaite prendre le temps de choisir ses futurs partenaires. Et ne pas se précipiter. "Je veux rester un réseau à taille humaine. On sait que le potentiel est là et on a des ambitions mais on veut rester agile", souligne-t-il. En termes de profil, l'enseigne recherche tant des néophytes que des professionnels de l'immobilier. Zestia étant en effet en mesure de les accompagner sur les spécificités des marchés du courtage et l'immobilier (agrément Orias et obtention de la carte T). "Nous imposons d'ouvrir une agence physique. Le candidat peut se focaliser uniquement sur la partie courtage ou immobilier mais également proposer les deux services. On a mis en place des process pour que les clients puissent toujours avoir une réponse, quels que soient leurs besoins", affirme Armand Manival.

Prendre des risques

Aux futurs porteurs de projet, le jeune homme conseille une seule chose : ne pas avoir peur du risque. "C'est un mot qui est mal exploité en France. Si vous investissez 10 euros dans une boîte, on dira que vous prenez un risque. Et quand on parle des forces armées qui sont au front, on dit que c'est un métier à risque. Au final, on utilise un même mot pour deux différents", analyse Armand Manival, avant d'assurer : "Si vous souhaitez entreprendre, demandez-vous quel risque cela représente vraiment et pondérez-le avec votre propre seuil de risque. Si vous hésitez encore, c'est que vous n'êtes pas fait pour ça !" Plus globalement, quand on interroge Ale jeune homme de 24 ans sur son propre parcours et sur son envie d'entreprendre, il répond sans détours :

Être entrepreneur, c'est avant tout un état d'esprit. J'ai toujours eu cette volonté profonde de créer mon entreprise et d'être indépendant.

Pour réussir dans l'entrepreneuriat, le jeune homme assure : la passion, le temps passé sur son projet et le travail sont trois clés importante. À cela s'ajoute bien évidemment l'entourage et la capacité à savoir s'entourer. "C'est essentiel pour réussir. L'entrepreneur n'est pas un expert. En général, il n'est même expert en rien, il est juste une pièce centrale qui sait poser les bonnes questions et dénicher les bonnes réponses", conclut Armand Manival.

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