Au niveau européen, le commerce physique reste très fragilisé

Camille Boulate
Au niveau européen, le commerce physique reste très fragilisé

À l'occasion du Mapic, salon de l'immobilier commercial, Procos et son entité internationale, Eurélia, ont dévoilé leur vision du commerce européen. L'objectif : décrypter les tendances et analyser les perspectives pour les prochains mois.

Quelle est la situation du commerce spécialisé au niveau européen ? Pour répondre à cette question, Procos, et son entité internationale, Eurélia, livre leur analyse. À l'occasion du Mapic, salon de l'immobilier commercial se déroulant à Cannes du 29 novembre au 1er décembre, la fédération a présenté sa vision concernant le commerce en Europe. "C'est la première fois que nous réalisons cette analyse. Nous avons une bonne connaissance des tendances et de la situation en France. Nous voulions déterminer si cela se confirmait à une échelle plus large", détaille Emmanuel Le Roch, délégué général de la fédération Procos.

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Baisse de fréquentation généralisée

Résultat : les constats sont similaires d'un pays à l'autre. Une baisse de fréquentation des magasins, située entre -10 % et -20 % par rapport à 2019, est ainsi constatée partout en Europe. Dans le détail, la France et l'Allemagne restent les deux pays où la fréquentation est la plus en berne avec une baisse de plus de -22 % depuis le début de l'année. La République Tchèque (-6,6 %), l'Autriche (-8.8 %) et le Royaume-Uni (-9,7 %) affichent quant à eux une meilleure résistance. "Le fait de ne pas revenir à une fréquentation d'avant Covid-19 s'explique assez facilement, souligne Emmanuel Le Roch, avant d'ajouter :

Désormais, nous sommes dans un modèle omnicanal. Les consommateurs achètent sur Internet et se déplacent moins souvent en magasin. Mais quand ils se déplacent, ils achètent plus.

Tassement du digital

Autre constat : les ventes digitales semblent baisser de manière assez homogène dans l'ensemble des pays européens. Pour Emmanuel Le Roch, cela n'est pas une mauvaise nouvelle. "Le magasin retrouve sa place. Le poids des ventes en ligne est certes passé de 9,5 % à 14 % en France entre 2019 et 2022 mais il n'y a plus d'accélération. Au contraire, cela se contracte, comme pour les ventes physiques". Certains pays semblent toutefois être plus résilients que d'autres. La Suisse et le Luxembourg tirent notamment leur épingle du jeu avec une hausse respective des ventes cumulées magasins et en ligne de 34,8 % et 9,2 %. À titre de comparaison, la France affiche une légère hausse de 1,3 % seulement. "Ce sont des pays un peu plus riches et qui sont surperformants par rapport au reste de l'Europe", souligne Emmanuel Le Roch.

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Des points d'inquiétudes similaires

Si les tendances sont assez homogènes quel que soit le pays, les points de vigilance le sont aussi. Inflation, prix de l'énergie, hausse des loyers commerciaux… Les problématiques se retrouvent partout en Europe. Emmanuel Le Roch précise ainsi :

Il y a une vraie inquiétude généralisée et nous voulions rappeler les urgences pour les mois qui viennent.

En matière d'inflation, toute l'Europe est concernée. Si la France affichait, en octobre, une inflation de 7,1 %, elle n'est pas la seule à faire face à cette augmentation généralisée des prix. L'Allemagne, l'Italie, la Belgique, les Pays-Bas ou encore la Pologne doivent composer avec une hausse à deux chiffres. "L'Europe est particulièrement touchée par le phénomène. C'est clairement lié au conflit ukrainien et à la dépendance des pays européens au prix du gaz russe", souligne Emmanuel Le Roch. Parmi les conséquences on peut citer notamment la réduction des marges pour les acteurs du commerce. Selon les chiffres de Procos, 66 % des dirigeants français prévoient une baisse de leur marge brute pour 2023. "Contrairement à ce que l'on pense, les hausses des coûts sont trop importantes pour qu'elles soient répercutées en totalité sur les prix de vente. Cela conduit à un écrasement logique des marges", confirme Emmanuel Le Roch.

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Une fin d'année décisive

De manière assez logique, les prochaines semaines seront décisives pour l'activité du commerce spécialisé. D'autant plus que certains marchés réalisent une grande partie de leur chiffre d'affaires annuel sur les derniers mois de l'année. "Nous sommes optimismes mais de nombreuses inconnues persistent. On sait que tous les ménages ne sont pas impactés de la même manière sur les sujets de hausses de prix. On espère simplement que l'envie de décompresser prendra le pas sur le reste, analyse Emmanuel Le Roch, avant d'ajouter :

Si l'activité n'est pas aussi bonne qu'espérée, cela risque de peser très lourd sur le résultat final et rendrait encore plus compliqué la situation des acteurs du commerce.

Pour soutenir une fin d'année éventuellement chahutée, Procos souhaite que les bailleurs limitent l'indexation des loyers pour l'ensemble des acteurs. "Un impératif de survie", selon la fédération qui demande notamment un plafonnement, quelle que soit la taille des entreprises. "En France, le gouvernement a acté cela uniquement pour les PME. Nous négocions avec les bailleurs pour que cela soit élargi à l'ensemble des acteurs. Mais cela reste compliqué", conclut Emmanuel Le Roch. Nul doute que les discussions vont s'intensifier dans les prochaines semaines.

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