Bricolage et jardinage : l'activité devrait légèrement baisser en 2023

Marcelle Worah-Dacky
Bricolage et jardinage : l'activité devrait légèrement baisser en 2023

Après deux années aux performances hors-normes, le marché du bricolage et du jardinage a marqué le pas en 2022 en n'augmentant, en valeur, de seulement 1,2 %. En 2023, selon une récente étude de Xerfi, l'activité devrait être en léger recul.

L'engouement des Français pour le bricolage et jardinage, intensifié depuis le début de la crise sanitaire il y a maintenant trois ans, s'estomperait-il ? À en croire les chiffres de l'institut d'études économiques Xerfi, la réponse est oui. Après deux années de performances affolantes (+ 9 % en 2020 et + 11 % en 2021), le marché a marqué légèrement le pas en 2022 avec une légère hausse de 1,2 % en valeur, liée à l'effet prix. "Les ventes en volume ont reflué", souligne Xerfi. Et l'institut d'études économiques ajoute :

Et 2023 ne se présente pas sous les meilleurs auspices avec un recul de 1 % selon les prévisions.

Pour autant, les experts ne sont pas pessimistes et rappellent que "les Français ont à entretenir un total de 37,4 millions de logements, 13 millions de jardins et 7 millions de terrasses et balcons". L’amélioration du cadre de vie reste donc très plébiscitée par les Français et Xerfi anticipe une belle opportunité pour les acteurs du marché, et notamment pour les distributeurs. "[Leur] activité rebondira de 3,5% en 2024 à 44,6 milliards". Face à un marché de plus en plus concurrentiel et surtout en pleine mutations, les acteurs de GSB (grandes surfaces de bricolage) n'ont pas beaucoup étoffé leurs parcs de magasins et ont surtout retravaillé leurs offres. Xerfi détaille :

En réalité, les enseignes ont surtout travaillé à la restructuration de leur réseau après des rapprochements, au redimensionnement de magasins trop vastes et à la modernisation des concepts de vente

En témoigne le projet hybride, mêlant alimentaire, jardinerie et animalerie qui est en cours d'élaboration du côté de Teract, nouvelle entité retail du groupe InVivo et portée par Alexandre Moez-Zouari (notamment actionnaire majoritaire de Picard et multi-franchisé Franprix et Casino).

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L'impact du digital

Surtout, le marché doit faire face à une importance de plus en plus accrue du digital. Dans une récente étude, le groupe BPCE pointait les nouvelles habitudes d'achats des consommateurs sur le marché du bricolage et de la décoration. Ainsi, le panier moyen en ligne atteint 174 euros contre 66 euros en magasin physique. Le constat est clair : les Français se rendent en point de vente pour effectuer des achats d'appoints et privilégient Internet pour les grosses dépenses. Un constat corroboré par les chiffres de Xerfi.

La montée en puissance des pureplayers et de leurs marketplaces, qui détiennent 10 % du marché a perturbé le jeu concurrentiel. Amazon et ManoMano se sont ainsi hissés dans le top 10 au cours de la décennie écoulée.

Malgré tout, la crise sanitaire a permis aux acteurs physiques et distributeurs traditionnels de s'adapter et d'accélérer leur transformation digitale. Aussi, l'un des point fort des acteurs physiques, selon Xerfi, reste leur capacité à proposer des formats de magasin de proximité. C'est notamment Castorama avec son format réduit Casto ou encore Weldom qui propose des corners Leroy Merlin dans ses unités urbaines. Enfin, les marchés de l'occasion et de la location sont deux axes importants pour les enseignes. "Les logiques servicielles sont encore renforcées. Elles s'enrichissent aujourd'hui de dispositifs visant entre autre à promouvoir les nouveaux usages tels que la location, l'occasion ou la réparation. Ces démarches présentent l'avantage de s'inscrire dans les politiques RSE des enseignes.", insiste Xerfi.

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Positionnement BtoB et nouveaux concepts

De quoi convaincre de plus en plus une clientèle engagée. Les enseignes misent également sur leur positionnement BtoB, comme le groupe Adeo, maison-mère des enseignes Leroy Merlin et Weldom, qui développe davantage son offre professionnelle avec Bricoman. "Pour sa part, Kingfisher (Castorama) a frappé fort avec le lancement de son enseigne Screwfix en France, d'abord en mode pureplayer en 2021 puis en mode physique en 2022", affirme Xerfi. Avec tous ces axes de développement, les différentes enseignes comme les groupements Les Mousquetaires ou encore Mr Bricolage, misent sur le développement de leurs réseaux, notamment via e nouveaux concepts de magasins. Les opportunités sont donc bien présentes pour les porteurs de projet mais Xerfi alerte :

La remontée des taux d'intérêt pourrait néanmoins contrarier les projets de création d'entreprises et d'investissements des commerçants indépendants qui portent la croissance.

Malgré tout, comme ce fut le cas ces dernières années, le marché pourrait clairement continuer à surprendre. Une bonne nouvelle pour les futurs entrepreneurs qui visent ce secteur d'activité !

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