Pionnière d'Internet, Catherine Barba vient de créer sa quatrième entreprise. Avec Envi, école dédiée aux indépendants, elle souhaite accompagner davantage les futurs entrepreneurs dans leur processus de création. Celle qui se qualifie comme "la mamie du Web" a fait du partage d'expérience une vraie philosophie.
Depuis plus de 20 ans, Catherine Barba porte haut et fort les couleurs de l'entrepreneuriat en France. Celle qui se surnomme comme la "mamie du Web" est tombée dans le bain à l'aube des années 2000. "J'ai longtemps cru que j'avais entrepris parce que j'avais croisé la route d'entrepreneurs et travaillé avec eux pendant plusieurs années. Mais j'ai retrouvé, il y a peu de temps, une rédaction de 1983. J'étais en CM2 et j'écrivais déjà que le métier de mon choix serait de créer et diriger une société d'informatique…", se souvient-elle. Une anecdote amusante et prémonitoire qui montre bel et bien la détermination de Catherine Barba. Diplômée de l'ESCP, elle se prédestinait pourtant à une carrière de salariée. "Je viens d'une famille d'employés et de fonctionnaires. Je n'avais pas d'entrepreneurs dans mon entourage, je ne savais même pas que cela était possible", confie-t-elle.
Les bonnes rencontres
À la sortie de ses études, Catherine Barba décroche son premier emploi dans l'agence de communication OMD. Là-bas, elle s'occupe de développer l'activité dédiée à Internet, liée notamment à la publicité en ligne. Nous sommes en 1996, aux prémices du Web et de la commercialisation d'espaces publicitaires. C'est lors de cette première expérience qu'elle rencontre Marc Simoncini. Convaincu par sa vision et son dynamisme, ce dernier la recrute pour intégrer iFrance, l'une des premières entreprises françaises dédiées à l'hébergement Internet, dont elle deviendra actionnaire. Un tournant qui lui permettra de se lancer dans l'entrepreneuriat. "Lorsque iFrance a été vendu à Vivendi en 2000, j'ai touché un peu d'argent. Clairement, c'était une sécurité pour moi. J'ai entrepris parce que j'avais la certitude que cela pouvait ne pas marcher et que j'avais un plan B."
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Dépasser les épreuves
En 2004, Catherine Barba fonde ainsi sa première entreprise, Cashstore, pionnier du cashback en France. Le concept est désormais connu et consiste à récompenser les consommateurs achetant sur Internet. Mais à cette époque, le principe en était à ses prémices et l'activité peine à démarrer. "Je n'avais pas compris que créer une marque BtoC prend énormément de temps. Je pensais naïvement que le bouche-à-oreille ferait tout le boulot. Or, créer de la confiance est un processus très long, affirme Catherine Barba. Je n'avais également pas réalisé que la simplicité était primordiale dans l'entrepreneuriat. J'avais un parcours client d'une complexité folle ! Cela a clairement limité ma croissance." La chef d'entreprise fait également face à des difficultés sur le plan personnel. À l'époque, Catherine Barba vient tout juste d'être maman. Son mari, Arnaud Chiaramonti, lance également son projet entrepreneurial. Et l'entrepreneure se confie sans détours sur cette période délicate :
C'est un peu comme si nous avions eu des triplés… Ce n'était pas forcément le scénario idéal pour créer un foyer apaisé. Vous avez une chance large comme un cure dent que votre couple en réchappe.
"Nous avons passé cette étape mais ce ne fut pas simple. Quand ma fille a commencé à marcher, l'une des premières choses qu'elle a faite fut de jeter à terre mon ordinateur portable. C'était assez révélateur", ajoute-t-elle. On le sait, le soutien familial est essentiel pour réussir une création d'entreprise. Et Catherine Barba confirme cet aspect et assure qu'il ne faut pas le négliger. "Les ressources sur lesquelles vous appuyer sont primordiales. N'entreprenez pas si votre conjoint ou conjointe monte sa boîte de son côté. Cela ne sert à rien de multiplier les occasions de stress. Lancez-vous si votre environnement est stable afin de vous reposer dessus pour vous booster !"
Voir le business autrement
Peu après avoir créé Cashstore, Catherine Barba lance une seconde entreprise, Malinéa, cette fois-ci dédiée au conseil digital et e-commerce. Deux sociétés qu'elle finira par revendre aux débuts des années 2010. Une étape cruciale qui la poussera à s'exiler aux États-Unis. "Je n'étais pas au mieux de ma forme et je voulais faire autre chose. Ce fut un vrai déclic", confie-t-elle. Sur le sol américain, la chef d'entreprise découvre et analyse la transformation digitale des retailers. Ce travail la conduira à créer Catherine Barba Group en 2012 et à publier son livre "Le magasin n'est pas mort". "J'ai beaucoup appris aux États-Unis. Tout est différent au niveau du business. Les réunions ne durent pas plus de 10 minutes et il faut avoir un pitch efficace pour convaincre, détaille Catherine Barba. Cela m'a clairement appris l'esprit de synthèse ainsi que l'audace." Avec la crise de la Covid-19, l'entrepreneure prend la décision de revenir en France. À son retour, elle s'intéresse à la transformation au rapport au travail, intensifiée par la crise. Ce qui la conduira à créer Envi, "l'école des indépendants qui réussissent". "Lors d'une discussion, on m'a parlé du future of work et de cette aspiration d'avoir plus d'autonomie, d'indépendance et d'équilibre de vie. Tout cela s'est d'ailleurs accentué à la faveur des confinements. En me renseignant sur le sujet, je me suis rendu compte qu'il y avait un vrai potentiel marché", précise Catherine Barba.
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Faites des erreurs !
Celle qui se voyait à une époque professeur de philosophie, interroge alors experts et économistes pour affiner son idée. "Quand je me lance dans un projet, ce n'est pas pour le survoler. J'ai échangé avec plus de 500 entrepreneurs pour savoir ce qui les a fait basculer du salariat au statut d'indépendant. Je voulais comprendre leurs peurs mais également leurs besoins. C'est ainsi que j'ai construit mon offre", insiste la chef d'entreprise. L'école Envi n'est, au final, que la concrétisation de la philosophie de Catherine Barba qui a toujours eu à cœur de partager son expérience. Depuis plusieurs années, elle investit dans des start-up innovantes comme Leetchi. Depuis 2017, elle siège au conseil d'administration de Renault. Et plus récemment, on l'a vu en conseiller les entrepreneurs dans l'émission "Qui veut Être mon associé ?", diffusée depuis deux saisons sur M6. "Je suis curieuse, j'aime prendre des risques et transmettre", insiste-t-elle. Et quand on l'interroge sur son parcours, ses erreurs et ce qu'elle ferait différemment, Catherine Barba répond sans aucune hésitation :
Je ne changerais rien. Ce que j'ai découvert au fil des années et des erreurs que j'ai pu commettre ? Je suis viscéralement faite pour être entrepreneure.
Et la chef d'entreprise de conclure : "Si je n'avais pas fait d'erreurs, je n'aurais pas autant appris. Si j'ai un conseil : trouvez le bon coéquipier pour ne pas être seul. Plus que d'avoir une bonne idée, le plus important est d'avoir des partenaires. Enfin, n'ayez pas peur de parler de votre idée autour de vous ! Si l'idée est bonne c'est parce que vous la portez !"