Dans son premier baromètre Digital & Payments, dont les résultats ont été dévoilés mercredi 1er février, le Groupe BPCE analyse les transactions de plus de 20 millions de cartes bancaires. L'objectif ? Décrypter les habitudes de consommation des Français. Résultat : les consommateurs ont effectué des arbitrages mais ont refusé de rogner sur leurs plaisirs. Explications.
Dans un contexte inflationniste, comment les Français ont-ils consommé en 2022 ? C'est pour tenter de répondre à cette interrogation que le Groupe BPCE s'est penché sur l'étude des 4 milliards de transactions réalisées en 2022 par les 20 millions de cartes bancaires détenues par ses clients. Cela a donné naissance au premier baromètre BPCE Digital & Payments. L'objectif est simple : analyser les habitudes de consommation des Français qui payent par carte bancaire. Au total, 40 secteurs d'activité ont été passés au crible. "Cela permet de mesurer et d'anticiper les comportements de consommation, analyse Myriam Dassa, directrice du baromètre. Et cette dernière ajoute :
Nous faisons parler la carte bancaire qui reste le moyen de paiement préféré des Français. C'est la meilleure façon d'analyser la consommation au quotidien.
Des achats par carte bancaire en hausse
Premier grand enseignement de ce nouveau baromètre : les Français ont beaucoup consommé en 2022, et ce malgré le contexte inflationniste et les questions liées au pouvoir d'achat. Ainsi, les achats par carte bancaire ont augmenté de 12 % en 2022. "Les Français apprécient ce moyen de paiement rapide et sécurisé. Les paiements mobiles sont également plébiscités puisqu'ils ont triplé en 2022", insiste Myriam Dassa. Autre constat : certaines dépenses ont été plus impactées que d'autres par l'inflation. Sans surprise, celles liées au carburant ont grimpé de 29 %. Le panier moyen des achats de carburant est ainsi passé de 43 à 49 euros. Myriam Dassa explique alors :
Face à cette contrainte pesant sur leur budget, les Français ont été attentifs à leurs dépenses.
L'alimentaire en baisse
Dans cette optique d'être précautionneux avec leur budget, les Français ont revu à la baisse leurs achats dédiés à l'alimentaire. Le baromètre constate ainsi une diminution de 9 % des achats dédiés à l'alimentaire en 2022. "Il s'agit du premier poste de dépenses pour les Français. C'est donc légitime et logique qu'ils aient été attentifs", souligne Myriam Dassa. Le panier moyen a baissé de 4 % et le segment du bio a clairement fait les frais des arbitrages des Français puisqu'il est en recul de 10 % en nombre de transactions. Pour contrôler leurs dépenses, les consommateurs n'hésitent plus à comparer ni à privilégier les achats en ligne. En témoignent les chiffres concernant le marché du bricolage et de la décoration. Le panier moyen des achats réalisés en ligne atteint désormais 174 euros contre 66 euros en magasin physique. "Sur ce marché, on remarque que les Français se rendent en point de vente pour les achats d'appoint, analyse Myriam Dassa, avant d'ajouter :
Pour les grosses dépenses, les consommateurs préfèrent prendre le temps de comparer pour se tourner vers les produits les moins chers.
Et la directrice du baromètre précise : "En passant par Internet, la stratégie est claire : aller faire jouer la concurrence".
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La seconde main, entre conviction et optimisation du budget
Dans leur quête de faire davantage attention à leurs portefeuilles, les Français ont massivement plébiscité les produits de seconde main. D'ailleurs, les enseignes et les acteurs du commerce sont de plus en plus nombreux à investir ce marché pour répondre à la demande. Ainsi, en 2022, les dépenses liées aux produits d'occasion ont quasiment triplées. "Ce n'est pas uniquement une stratégie anticrise pour les consommateurs. Cela répond à des convictions qui sont à la fois responsables et environnementales, souligne Myriam Dassa. Et cette dernière précise :
Sur la mode par exemple, en 2022, les dépenses sur les produits de seconde main ont augmenté de 15 %.
En effet, l'un des principaux constats du baromètre, et pas des moindres, reste que si les Français font face à une réduction de pouvoir d'achat, ils ajustent leurs dépenses pour répondre à leurs envies et continuer de se faire plaisir. Ainsi, les achats liées aux produits cosmétiques mais aussi aux bijoux ont respectivement augmenté de 15 % et 13 %.
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La convivialité comme moteur
Autre exemple : les dépenses au restaurant ont grimpé de 44 % en 2022 par rapport à l'année dernière. "Une augmentation forte qui est due en partie aux fermetures et restrictions encore en cours en 2021. Mais pas seulement, affirme Myriam Dassa, avant de préciser :
Par rapport à 2019, on constate une augmentation des dépenses de 33 %. Les Français ont vraiment cherché à se retrouver.
Même constat pour les cinémas, pour lesquels les dépenses ont grimpé de 66 % par rapport à 2021. Les voyages ont également été plébiscités puisque les achats en agences de voyages physiques et en ligne ont été multipliés par 2,5 en un an. "Les Français ont eu des envies de sorties et de convivialité", confirme Myriam Dassa.
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Le digital s'inscrit durablement
Enfin, dernier constat de l'étude : le digital, largement plébiscité par les Français pendant les confinements, s'inscrit durablement dans les habitudes des consommateurs. Myriam Dassa insiste :
Les comportements contraints se sont installés voire même renforcés.
Dans le détail, 1/3 des dépenses en ligne sont réalisées par les jeunes âgés de moins de 35 ans. Et selon BPCE, cette digitalisation va continuer à se renforcer dans les années à venir. "Certains secteurs ont encore des marges de progression. C'est le cas de l'alimentaire qui est le premier poste de dépense des Français mais qui ne représente que 5 % des achats en ligne", conclut Myriam Dassa.