David Gueunoun (Mium Lab) : "Ne cherchez pas l'idée magique pour devenir entrepreneur !"

Camille Boulate
David Gueunoun (Mium Lab) :

Depuis ses 18 ans, David Gueunoun multiplie les expériences entrepreneuriales. C'est en 2018 qu'il fonde Mium Lab (ex Les Miraculeux), entreprise spécialisée dans les compléments alimentaires. Si l'entrepreneur connaît le succès aujourd'hui, il a dû toutefois faire preuve de résilience pour rebondir, pivoter et adapter au mieux son offre produit.

Entrepreneur multirécidiviste, comme il aime se qualifier, David Gueunoun connaît toutes les subtilités de la création d'entreprise. Il a surtout dû faire preuve de résilience, d'acharnement et d'innovation pour réussir. "J'avais 18 ans quand j'ai fondé ma première entreprise. Ce qui m'a poussé à l'époque ? Ma personnalité !", se rappelle l'entrepreneur, avant d'ajouter :

Ce n'est ni le désir d'argent ni la réussite qui m'ont conduit vers l'entrepreneuriat. C'est ma passion de donner naissance à quelque chose à partir de rien.

Un feu sacré que David Gueunoun assure toujours avoir aujourd'hui. "Voir l'évolution de Mium Lab me passionne. Il y a quelques années, l'entreprise n'existait pas. Désormais, elle emploie des gens et aide les consommateurs à aller mieux", affirme-t-il.

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Premiers échecs

Pour David Gueunoun, l'aventure entrepreneuriale commence tôt donc. À l'époque, le jeune homme fait un constat : le suivi des patients implantés de pacemaker est archaïque. Un constat qu'il dresse avec son père, cardiologue. "C'était un problème qu'il rencontrait au quotidien. On était en 2006, la santé connectée n'existait pas et toutes les informations concernant le réglage du pacemaker se transmettaient de la main à la main. Il y avait donc une perdition importante des données", détaille David Gueunoun. Il se lance alors dans un projet de carte à puce pouvant se lire sur l'appareil de carte vitale. Mais il se heurte très vite aux difficultés. L'entrepreneur admet :

Mon idée était trop compliquée à mettre en œuvre. C'était trop ambitieux et pourtant le besoin était réel. Je m'attaquais à un projet très technologique et je n'étais pas armé pour ça.

Pour autant, cette première expérience infructueuse ne décourage pas David Gueunoun, au contraire. Alors étudiant en école de commerce, l'entrepreneur crée une entreprise dédiée à l'amélioration de la communication des laboratoires pharmaceutiques. "Je me suis nourrit de mes erreurs pour monter ce projet. L'idée était de proposer des supports innovants aux laboratoires pour qu'ils puissent communiquer efficacement  auprès des médecins. Cela a très bien fonctionné et je suis toujours gérant majoritaire de cette entreprise", indique l'entrepreneur.

Soif d'apprendre

En parallèle de son entreprise et de ses différents projets, David Gueunoun multiplie les expériences professionnelles en tant que salarié. Dans des cabinets de conseil d'abord puis dans des grands groupes comme Coca-Cola. "L'entrepreneuriat, c'est une passion. Travailler dans des grandes entreprises était pour moins un moyen d'apprendre", insiste-t-il, avant de souligner :

J'avais besoin d'acquérir des connaissance que je n'avais pas. Dans mes premiers projets entrepreneuriaux, je me suis rendu compte de mes limites. Au final, je ne savais pas faire grand-chose.

C'est en travaillant chez Coca-Cola que David Gueunoun s'intéresse encore plus à la santé. "C'est peut être paradoxal et pourtant c'est la réalité. La santé et la nutrition sont des domaines qui me passionnaient. J'avais envie de lancer un projet dans ce secteur-là", confie-t-il. Il quitte alors son entreprise pour reprendre des études à la fac de médecine en vue d'obtenir un diplôme universitaire en diététique, nutrition clinique et thérapeutique. "Je me suis spécialisé dans le domaine des compléments alimentaires et c'est ainsi que l'idée des Miraculeux est née", souligne David Gueunoun

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Répondre à un besoin

Là encore, l'entrepreneur est parti d'un constat simple : les consommateurs de compléments alimentaires commençant une cure ne vont que très rarement au bout. "C'est ce que l'on appelle l'observance. Je me suis dit qu'il y avait quelque chose à faire pour rendre plus ludique la prise de compléments alimentaires, le tout en misant sur des produits naturels", insiste David Gueunoun. C'est ainsi que l'entrepreneur réfléchit des shots à boire, concentrés d'actifs et autres minéraux. Les Miraculeux sont nés. Mais très vite, l'entreprise se confronte à des difficultés de production mais également de conservation de ses produits. "Cela ne fonctionnait pas. Je n'étais pas sur le bon produit et j'allais me retrouver dans une impasse", confie David Gueunoun qui n'abandonne pourtant pas. Convaincu de son idée, il fait évoluer son offre et son produit en s'inspirant des tendances perçues à l'étranger. Il explique :

J'ai découvert les gummies en regardant ce qu'il se faisait à l'étranger, notamment aux États-Unis. Là-bas, la tendance était en plein boom et s'installait durablement comme une nouvelle forme de compléments alimentaires.

À l'époque, les gummies en étaient à leurs balbutiements en France et uniquement dédiées aux enfants. Pour convaincre les laboratoires et les partenaires financiers de le suivre, David Gueunoun a dû faire preuve de patience. "J'ai pris mon bâton de pèlerin. Il a fallu être résilient et y croire", insiste-t-il. L'entrepreneur parvient à convaincre sa banque, déniche des prêts d'honneur auprès de la BPI et du Réseau Entreprendre et amorce une campagne de crowdfunding sur Ulule. Un succès auquel le chef d'entreprise ne s'attendait pas. David Gueunoun se souvient :

À la base, j'avais misé sur le crowdfunding pour me donner une deadline à respecter et pour faire parler de nous. On avait prévu 200 ventes. On en a fait dix fois plus.

Une campagne qui a rempli toutes ses promesses, les distributeurs approchant l'entrepreneur pour référencer ses produits. "Monoprix nous a contacté. C'est la seule enseigne de grande distribution sur laquelle nous misons aujourd'hui. Car on a compris que notre principal canal de vente reste les pharmacies. C'est le meilleur moyen pour être légitime", souligne David Gueunoun. À date, la marque est distribuée dans quelques 2 000 points de vente et affichent une gamme d'une quinzaine de références. Surtout, elle évolue. Depuis quelques mois, Les Miraculeux a accueilli M6 dans son capital et est devenue Mium Lab. "Nous avons fait ce choix pour des raisons d'internationalisation. L'international représente de plus en plus de chiffre d'affaires et notre nom était un obstacle pour le développement", analyse David Gueunoun. Quant à l'arrivée de M6 à son capital et de Karine Le Marchand comme égérie, l'entrepreneur confie : "Nous avons trouvé des intérêts communs. Le fait que l'on soit une petite entreprise, avec peu de notoriété les a séduit. De notre côté, c'est un moyen de nous faire connaître efficacement."

Faites-vous confiance !

Aux futurs entrepreneurs, David Gueunoun conseille de ne pas douter de son projet. "Si vous passez votre temps à remettre en cause ce que vous faites, ce n'est pas bon. Dans l'entrepreneuriat, la pire des choses c'est le doute. Soyez convaincus de vos choix et faites-vous confiance", insiste-t-il, avant de nuancer :

Cela ne veut pas dire qu'il ne faut pas écouter les autres, au contraire. Mais n'oubliez pas que c'est vous qui êtes aux manettes !

Aussi, le chef d'entreprise insiste sur le fait de ne pas s'éparpiller et de bien s'entourer. "Prenez le temps de bien choisir vos partenaires", confie-t-il. Et David Gueunoun l'assure : les erreurs dans l'entrepreneuriat sont inévitables. "Il y a une charge mentale énorme quand on entreprend. On fait plein d'erreurs. Ce n'est pas grave", assure-t-il, avant de nuancer :

L'essentiel est de s'en rendre compte rapidement. Quand vous sentez que votre produit ne fonctionne pas ou si vous n'être pas sur la bonne voie, il faut savoir pivoter !

Enfin, pour David Gueunoun, il est important d'avoir en tête qu'avoir une bonne idée ne fait pas tout. "Dans l'entrepreneuriat, l'idée c'est 5 % de la réussite du projet. Le reste c'est du travail et de la chance qui se provoque. Ne cherchez pas l'idée magique pour vous lancer !", conclut-il.

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