Futur entrepreneur, votre idée de business doit tout autant correspondre à un besoin de marché qu’à vos propres talents mais aussi à la nécessité de ressentir du plaisir à pratiquer votre nouvelle activité. Voici quelques conseils pour trouver la bonne idée.
Avant de pouvoir passer à l’action en tant que futur entrepreneur, il est nécessaire de se poser, durant plusieurs mois, pour trouver une idée de business. Sinon, l’on risque de se lancer dans une direction en apparence attractive mais à contresens de ses aspirations profondes, pouvant engendrer de la souffrance, de l’ennui, voire des symptômes dépressifs. "Pour orienter sa recherche, il faut réfléchir à ses propres expériences, heureuses ou malheureuses, à ses compétences et savoir-faire, à ce qui manque dans sa vie ou celles de proches et que l’on pourrait apporter en tant que professionnel, ou encore à des commerces ou des publicités remarquées durant ses voyages, souligne d’emblée Catherine Léger-Jarniou, présidente de l'Académie de l'Entrepreneuriat et de l'Innovation, et autrice d’ouvrages (dont La boîte à outils de la création d’entreprise chez Dunod – 11e édition). Et celle dernière ajoute :
Ouvrir son esprit doit être alors au cœur de son dispositif.
On se souvient d’Akio Morita, patron de Sony, qui a lancé le walkman en 1979… pour pouvoir s’adonner à sa passion, le golf, en écoutant de la musique ! "En France, on a tendance à imaginer de grands trucs qui deviennent vite des usines à gaz… alors qu’il suffit simplement de trouver une idée dont les autres ont besoin !", remarque Catherine Léger-Jarniou.
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Exploration et introspective pour rendre son choix "naturel"
Bien se connaître permet de gérer au mieux son évolution professionnelle. Un travail introspectif reste ainsi la base de départ pour déterminer son idée de business, sinon l’on risque de prendre une direction en apparence attractive mais à contresens de ses aspirations profondes. "Pour mener à bien un nouveau projet professionnel sur la longueur, il est aussi fondamental de déterminer ses sources d’enthousiasme ou encore ses talents - c’est-à-dire ses prédispositions naturelles, déjà mises en œuvre... ou pas -, que ses besoins fondamentaux, ses valeurs et ses conditions de vie et de travail souhaités. Cette clarification de ses désirs profonds, réalisée sous forme d’exploration, est indispensable pour rendre "naturel" le choix de son futur métier, insiste Maud Simon, coach, formatrice et auteure de l’excellent ouvrage "Fais ce qu'il te plait" (Interéditions). Et elle souligne :
Sinon, la création d’entreprise engendrera de l’insatisfaction, de la souffrance, de l’ennui, voire des symptômes dépressifs ou de burn-out.
Ne pas sacrifier ses besoins de vie
Ainsi, le rêve de créer une chambre d’hôtes, une brocante ou un restaurant peut, par exemple, ne pas correspondre aux horaires de travail recherchés ou à son type de talent, notamment lié au relationnel. À l’inverse, à travers cette introspection, on découvre la pièce manquante de notre puzzle pour retisser certaines connexions en nous et révéler l’activité cohérente avec son mode de vie. "Un de mes clients voulait ouvrir une discothèque, parce que l’activité lui semblait lucrative et qu’un proche l’avait déjà fait, mais ses talents ne "raisonnaient" pas avec cette envie. En revanche, on a découvert ensemble que ce qui le mettait en mouvement était un rapport au corps particulier, l’aide aux autres. Il a finalement repris des études de kinésithérapeute", se souvient Maud Simon. Déterminer si l’on est fait pour l’entrepreneuriat, de même que si c’est le bon moment pour passer de salarié à entrepreneur, demeure une question très personnelle, indissociable d’un bilan familial avec son entourage. Catherine Léger-Jarniou souligne ainsi :
Dans une création d’entreprise, on est rarement tout seul. Il faut déterminer les contraintes, notamment ce que le conjoint est prêt à supporter, ainsi que les besoins de la famille, les enfants ayant aussi leur mot à dire, pour ne pas sacrifier son niveau de vie.
Et l'auteure ajoute : "Un commerçant de proximité dont la femme le quitte ferme souvent boutique. Le soutien, ou à défaut la neutralité du conjoint, est aussi important qu’une étude du marché favorable pour développer son idée de business."
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Plaisir et intuition pour une vie épanouissante
Le plaisir à pratiquer sa nouvelle activité est également majeur, car sans lui… pourquoi quitter la sécurité du salariat ? Il apporte en effet la force pour travailler avec efficacité, engagement et authenticité. "Dans sa nouvelle activité, il ne faut pas passer plus de 30 % de son temps à effectuer des taches énergivores et affaiblissantes, ennuyeuses ou coûteuses pour le moral. Le plaisir permet de persévérer dans son nouveau choix de vie, alors que la contrainte empêche de déployer son fabuleux potentiel, analyse Maud Simon, avant de souligner :
La connexion à soi et l’intuition s’avèrent alors primordiales pour se connecter à sa propre vérité et à son cœur, et ainsi nous guider vers une vie épanouissante.
La coach propose d'ailleurs un accompagnement sur trois mois pour aligner sa vie professionnelle avec ses désirs profonds et précise ainsi : "Personne ne trouve ses élans vers la réussite dans la seule raison ou logique."
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Ne pas idéaliser son futur
Découvrir sa vocation professionnelle nécessite donc de déterminer ses talents - cognitifs, relationnels, créatifs…. "Le talent de warmer, c’est-à-dire la capacité à accueillir quelqu’un sans le juger pour qu’il se sente libre de s’exprimer, est par exemple indiqué pour devenir thérapeute. Solver, pour trouver des solutions, et searcher, savoir explorer, sont les qualités qui peuvent constituer de bonnes bases pour les métiers de journaliste, de psychologue ou de détective", détaille Maud Simon. La coach insiste sur le fait qu'à travers sa nouvelle activité, "chacun décide de sa contribution au monde ou à un groupe plus restreint de personnes, et au final, de sa mission de vie. Par exemple, on peut choisir le métier de fleuriste pour connecter les gens à leur joie au travers de la beauté, voire préciser son public, comme en se spécialisant dans les bouquets de naissance pour accueillir les nouvelles mamans."
Mais une fois le projet d’entrepreneuriat identifié, il faut regarder précisément à quoi pourra ressembler l’activité, pour éviter les contresens ou idéaliser son futur. "Le métier de fleuriste peut avoir ses contraintes, comme se lever à 4 ou 5 heures pour approvisionner son magasin ou avoir souvent les mains dans l’eau et le nez au froid. Pour explorer son choix, je donne une grille de questions à poser à des professionnels, sur le terrain, pour connaître précisément leurs tâches, du matin au soir, insiste Maud Simon.
On n’est pas chez les Bisounours : certaines idées s’éliminent naturellement à l’épreuve de la réalité, ou sont à adapter.
Améliorer la situation du client, et savoir promouvoir son idée
Pour déterminer son idée de business, chercher à se faire plaisir est donc insuffisant. Il faut, en premier lieu, avoir l’obsession de la satisfaction du client, tout en restant en permanence à son écoute. "Comment améliorer la situation du client, sa qualité de vie en BtoC ou sa pratique quotidienne en BtoB ? Votre produit ou service doit lui apporter une vraie valeur, plus attendue au bon moment : prix, garantie, simplicité d’usage…", indique Catherine Léger-Jarniou. Surtout, certaines aptitudes sont indispensables à tout chef d’entreprise, en particulier pour promouvoir son idée. Catherine Léger-Jarniou insiste :
D’abord, possédez des valeurs, mettez-les en avant dans votre communication, d’autant plus que les clients y sont de plus en plus sensibles.
Et l'auteure ajoute : "Soyez créatif pour renouveler l’offre fréquemment, en sentant le marché. Entourez-vous et déléguez, par exemple en vous associant. La composition idéale demeurant un triptyque : un marketeur, un manageur ainsi qu’ingénieur ou commercial en fonction du type de business. Enfin, une bonne santé est requise, que l’on doit entretenir à travers la pratique d’un sport", complète Catherine Léger-Jarniou.
Se confronter à la réalité, l'étape redoutée
Il existe deux façons majeures de créer sa propre activité : imaginer un métier transférant ses compétences ou imiter un modèle observé ailleurs, notamment à l’étranger, en améliorant une caractéristique. Cela a été le cas d’une enseigne de franchise, pour la location de voiture longue durée, utilisée aux États-Unis. Voire un mix des deux, avec l’envie de transformer l’existant. "Les confinements dus à la Covid ont été un déclencheur. Les gens ont aujourd’hui bien plus envie de 's’éclater' qu’auparavant, de ne pas passer à côté d’une passion, qui peut devenir un métier", expose Catherine Léger-Jarniou. Cela ne doit toutefois pas dispenser le futur créateur d’entreprise de valider concrètement son idée de business. L'auteure insiste :
Il doit se confronter le plus vite possible à la réalité en testant une version zéro de son produit ou service, une maquette - le fameux Minimum Viable Product - auprès de bêta testeurs
Ensuite, améliorez l’idée en fonction des premiers retours. Cela vous permettra d'interroger vos futurs clients sur leurs attentes dans une étude de marché concrète. "Cette étape centrale de concrétisation fait gagner du temps. Elle est redoutée, car il est facile d’avoir une idée, mais le client est roi", sourit Catherine Léger-Jarniou.
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Classer ses idées en se projetant dans l’avenir
Pour trouver son idée de business, un coach sert de guide durant l’essentielle période d’exploration de soi. Alors qu’on se sent vulnérable, plein d’incertitudes et parfois perdu, il rassure à travers une méthodologie éprouvée et une stratégie, permettant de faire la clarté sur qui l’on est et souhaite devenir. "J’amène chez les futurs entrepreneurs en solo à classer leurs idées générées par le coaching - parfois une cinquantaine ! - par ordre de priorité. Notamment celles qui peuvent être mises en œuvre maintenant ou plus tard, en fonction de raisons financières, géographiques, de ressources logistiques ou de besoins de formations", insiste Maud Simon. Selon la coach, les exercices de visualisation débloquent des situations. Par exemple à travers des questions projectives "qui permettent de contourner son 'moi' culturel, formé des règles ou injonctions internalisées, pour aller chercher le 'moi' essentiel, source de motivations. Dans l’entrepreneuriat, la vision de la réussite et de l’échec n’est pas celle qu’on nous apprend depuis toujours, affirme-t-elle, avant d'ajouter :
Être chef d’entreprise, ce n’est pas tout réussir, mais essayer tout ce que l’on a envie d’essayer avec des imperfections.
Ne pas craindre (bêtement) de se faire voler son idée
Une fois l’idée définie, reste à la vendre. Si les salons dédiés à l’entrepreneuriat, comme Franchise Expo Paris, comme les sites spécialisés sur l’innovation, demeurent une façon traditionnelle d’analyser la concurrence, tout futur entrepreneur doit utiliser et activer ses réseaux pour échanger avec ses (futurs) pairs. Catherine Léger-Jarniou insiste :
Le réseautage rassure, redonne confiance à travers un questionnement partagé par d’autres. Il est avant tout source d’idées, d’informations, de pistes ou encore de tendances.
Préparez-vous à bien savoir pitcher votre idée, en expliquant "à quoi ça sert" plutôt que "comment ça marche". Pour susciter l'intérêt, n'hésitez pas à attaquer votre discours avec une question impactante. "Beaucoup craignent de se faire voler leur idée, alors qu’il n’existe pas de réel problème de confidentialité si l’on indique seulement 'à quoi ça sert'", conclut Catherine Léger-Jarniou.