© Benoît Bossu, Edouard Hausseguy et Pietro Rabboni.
Ancien ingénieur dans la finance, Édouard Hausseguy se lance dans l'entrepreneuriat en 2015, d'abord en lançant une plate-forme permettant de mettre en relation restaurateurs et influenceurs. Puis en créant son enseigne de restauration italienne, Gruppomimo. Aujourd'hui, l'enseigne compte 6 restaurants et souhaite intensifier son développement.
Passer de la finance à la restauration, c'est le grand écart professionnel réalisé par Édouard Hausseguy. Après 7 ans passés en tant qu'ingénieur dans un fonds d'investissement, il décide de se lancer dans l'entrepreneuriat en créant Hemblem, une application de mise en relation entre restaurateurs et influenceurs. "J'ai créé Hemblem car je n'aimais pas voir les restaurants vides et je voulais permettre aux restaurateurs de bénéficier d'un outil de communication abordable et surtout moins onéreux qu'une agence de presse", se souvient Edouard Hausseguy. Au départ, l'entrepreneur développe son business en parallèle de son travail de salarié. Mais il profite de son licenciement pour se consacrer à temps plein à son projet entrepreneurial. "Je n'avais pas du tout d'entrepreneurs autour de moi, concède-t-il, avant d'ajouter :
Mais j'ai toujours été autodidacte. J'ai commencé en important des voitures de collections et en les revendant. Au final, j'ai toujours eu l'esprit entrepreneurial.
Le terrain comme livre d'apprentissage
Au final, avec Hemblem, Édouard Hausseguy parvient à convaincre les restaurateurs et lance une offre de community management pour doper la notoriété de ses clients. Au fil des mois, l'entrepreneur et ses équipes développent un vrai savoir-faire, leur permettant de devenir leader sur le marché du CHR. "En 2020, nous avons fait le choix de scinder les deux activités : Hemblem pour l'application et Baracuda pour le community management", souligne l'entrepreneur. Pour ce dernier, le terrain a été une vraie source d'apprentissage. La première année, il développe son entreprise à l'aide de stagiaires et d'alternants. Puis passera de 4 à 40 salariés en un temps record. "Les principales difficultés étaient liées à la gestion d'entreprise, il fallait être partout : apprendre la comptabilité, gérer les RH, développer le business… J'ai tout fait de A à Z, se souvient-il, avant d'ajouter :
J'ai appris à tout faire sur le tas. Cela m'a permis de pouvoir un vrai jugement et du recul sur ce que font mes équipes.
Plonger dans le grand bain de la restauration
En 2020, sollicité par l'un de ses clients, Édouard Hausseguy se laisse tenter par une nouvelle aventure entrepreneuriale. "Benoît Bossu était mon premier client et un jour il m'appelle pour me proposer de nous associer dans un projet de restaurant italien, axé sur la pizza napolitaine et les pasta. Sa femme était italienne et il a une forte expérience dans la restauration. De mon côté, tout ce qui est food me passionne, alors on s'est lancé", se rappelle-t-il. Les deux associés affinent leur concept et accueillent Pietro Rabbonni, chef sicilien qui leur permettra de finaliser leurs recettes. Ensemble, ils se lancent dans la recherche d'un local. "On avait trouvé un emplacement et on devait signer le bail pour ouvrir en avril 2020. Mais il y a eu la prolongation du confinement, se souvient alors Édouard Hausseguy.
Résultat : la banque et notre investisseur nous ont lâchés. Nous nous sommes retrouvés avec 40 000 euros d'économies pour ouvrir le restaurant.
Les trois associés se mettent alors en quête d'un nouveau local, malgré les restrictions sanitaires et le manques de fonds financiers. "C'est très compliqué de me faire baisser les bras. Finalement, nous avons déniché un petit restaurant en location gérance fin 2020 qui possédait le type de four que l'on voulait. Nous avons ouvert en l'état, en faisant de légers travaux et en mettant le nom de notre enseigne sur la devanture", explique l'entrepreneur.
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40 points de ventes d'ici 2025
Pour développer sa notoriété avant même l'ouverture officielle du restaurant en février 2021, Édouard Hausseguy applique le savoir-faire d'Hemblem et mise sur le digital. "On a signé le bail en décembre et nous ne pouvions pas ouvrir tout de suite du fait des restrictions sanitaires. Nous avons donc choisi de créer l'attente sur les réseaux sociaux", détaille le chef d'entreprise. Résultat : le succès est au rendez-vous. Avant même l'inauguration du premier restaurant à Boulogne-Billancourt, 10 000 personnes suivent l'enseigne sur Instagram. "Cela a cartonné tout de suite. On a réalisé 220 000 euros de chiffre d'affaires par mois. Cette notoriété n'a fait que grandir. Aujourd'hui, nous réalisons, sur le groupe, 1,2 million de CA chaque mois", assure Édouard Hausseguy. Malgré ces performances inédites en pleine crise sanitaire, les banques refusent de suivre les trois entrepreneurs dans leurs volontés de se développer. "La banque voulait absolument deux ou trois bilans avant de nous financer, explique-t-il avant d'ajouter :
On s'est débrouillé seul jusqu'à, finalement, intéresser les fonds d'investissement.
En effet, le concept Gruppomimo séduit, tant les consommateurs que les investisseurs. Après plusieurs ouvertures toutes couronnées de succès, l'enseigne a bouclé une levée de fonds de 15 millions d'euros fin 2021. De quoi l'épauler dans ses velléités de développement. À date, l'enseigne compte 6 restaurants et deux dark kitchen. Et le potentiel semble sans limites pour les trois entrepreneurs. "D'ici fin 2025, nous compterons 40 points de vente en propre. Aujourd'hui, on construit le siège, on continue d'analyser les chiffres et d'améliorer le concept. On recherche en parallèle des nouveaux lieux. Nous voulons vraiment nous différencier des gros acteurs en proposant des restaurants plus conviviaux, familiaux et qui sont rentables dès le départ."
Les grandes agglomérations en ligne de mire
Dans un premier temps, l'enseigne concentre son développement en Île-de-France avant de viser les grandes agglomérations partout en France. "Nous amorcerons certainement la franchise en 2024. Pour l'instant, on se structure", confirme Édouard Hausseguy. Aux futurs entrepreneurs, il conseille de ne surtout pas négliger le digital, notamment si vous souhaitez vous lancer dans la restauration. "Aujourd'hui, les réseaux sociaux restent le plus gros levier de succès pour le marché de la food, affirme-t-il, avant de concéder :
Mais ce n'est pas encore dans la tête des restaurateurs, qui voient ça comme un coût plutôt qu'un investissement.
Édouard Hausseguy conseille également d'être résilient et de construire votre produit ou votre offre pour les clients. "Et pas seulement pour soi ! Dans des périodes de doutes, soyez un entrepreneur pessimiste actif. Anticipez le pire scénario mais faites en sorte de savoir rebondir si cela arrive", conclut-il.