Covid-19, conflit ukrainien, hausse des matières premières… les dernières années n'ont pas été de tout repos pour les entrepreneurs. Cette conjoncture économique peut effrayer les porteurs de projet et les rendre hésitants à se lancer. Pour autant, ce contexte compliqué ne doit pas vous brider dans votre envie d'entreprendre. Au contraire !
Après plus de deux années marquées par l'épidémie de la Covid-19, les porteurs de projet doivent faire face à de nouvelles problématiques, notamment liées au conflit ukrainien. Hausse des matières premières, augmentation des prix de l'énergie, pénuries de carburant… Autant d'éléments impactant directement le pouvoir d'achat des Français et rendant hésitant les futurs entrepreneurs à se lancer. Pour autant, les chiffres de l'Insee montrent que l'attrait pour l'entrepreneuriat ne se dément pas. Entre juillet et septembre 2022, le nombre de créations d'entreprises a bondi de 7 % par rapport à la même période l'année dernière. Alors, malgré les crises qui se succèdent, serait-ce le bon moment pour entreprendre ? Selon les experts que nous avons interrogés pour cet article, la réponse est unanime : ne vous cachez pas derrière la crise pour éviter de passer le cap ! Sylvain Bartolomeu, dirigeant associé du cabinet Franchise Management, déclare d'emblée :
Un entrepreneur qui veut se lancer quand tout va bien ne le fera au final jamais. Car notre monde est en crise permanente depuis 30 ans. Il y aura donc toujours une raison de se dire qu'entreprendre reste trop risqué.
Un avis largement partagé par Olga Romulus, expert-comptable au sein de Fiducial. "La crise change juste de visage. On a eu des crises de pouvoir d'achat, d'emploi ou bien encore sanitaires. On parle désormais d'énergie et d'écologie. Le problème reste que les crises s'accumulent et qu'il faut s'adapter."
Se poser les bonnes questions
La question n'est donc pas de savoir si vous devez entreprendre ou non, mais de bien préparer votre projet, avec encore plus de minutie. En clair, votre business plan doit intégrer le contexte économique compliqué et montrer comment vous vous adapterez sur le long terme. "Les crises successives ne doivent pas être un frein à l'entrepreneuriat. Il est cependant primordial d'être cohérent, de mesurer les forces et faiblesses de son projet", insiste Florence Soubeyran, responsable des marchés Commerce et Franchise Banque Populaire chez BPCE. L'étude de marché, déjà fortement conseillée en temps normal, s'avère encore plus primordiale. Elle vous permettra de valider de nombreux aspects de votre business plan et d'appréhender réellement le marché. "Assurez-vous qu'en face un marché existe bel et bien, conseille Laurent Delafontaine, fondateur du cabinet Axe Réseaux. Est-ce que les consommateurs seront prêts à dépenser de l'argent dans un nouveau produit ou une nouvelle offre ? La question se pose, surtout en période de crise de pouvoir d'achat." De son côté, Olga Romulus affirme : "Un futur entrepreneur ne doit pas avoir peur de la crise. Cela peut générer des opportunités. Par contre, la crise doit être un moyen de se poser les bonnes questions, d'être disruptif et de se réinventer."
Lire aussi :
| Emmanuel Le Roch : "Dans le contexte actuel, rationnalisez votre projet !"
Quid des banquiers ?
Dans un environnement économique tendu, la question du financement peut se complexifier. Même si les banquiers sont là pour vous accompagner, ils peuvent être un peu plus regardants sur votre dossier. Surtout si le secteur d'activité visé est fortement impacté par la situation économique ou que vous n'affichez aucune expérience dans l'entrepreneuriat. Laurent Delafontaine admet ainsi :
Si vous êtes un salarié en reconversion et que vous vous lancez dans l'entrepreneuriat, ce n'est peut-être pas le meilleur moment pour tenter l'aventure.
"L'accès à un prêt bancaire risque d'être plus difficile et les banques pourraient être plus exigeantes en matière de caution, ce qui pourrait vous exposer juridiquement ou personnellement", insiste-t-il. En période de crise, il est donc important d'avoir un projet et un dossier solide, de façon à convaincre votre banquier plus facilement. Même si ces derniers sont habitués à l'évolution de l'environnement économique, ils peuvent être effectivement plus regardants. "Notre métier est d'évaluer la capacité de réussite d'un projet d'entreprise, rappelle Florence Soubeyran. Il n'a pas changé. Cependant, dans une période avec plus d'incertitudes, nous sommes amenés à être plus vigilants quant aux facteurs de réussite du projet. Même si pour certains secteurs d'activité nous avons un peu moins de visibilité qu'avant, nous accompagnons les porteurs de projet solides."
Fiche pratique :
| Rejoindre une enseigne : 5 points à connaître sur les différents contrats
La franchise, une exception ?
Le modèle entrepreneurial que vous choisirez peut avoir un impact sur votre manière d'appréhender le contexte économique. Si vous entreprenez seul, sans enseigne, il peut être un peu plus difficile pour vous de passer le cap de manière sereine. A contrario, si vous faites le choix de la franchise, cela peut être plus rassurant en ces temps troublés. Tant pour vous que pour les acteurs bancaires. "On le voit, les dossiers de financement des candidats à la franchise vont plus vite car c'est beaucoup plus facile d'expliquer et de défendre le projet. Vous pouvez, d'entrée de jeu, montrer les performances de l'enseigne mais aussi de points de vente identiques au vôtre", affirme Olga Romulus. Attention toutefois, cet avantage peut-être moins visible si vous envisagez de rejoindre un jeune réseau, venant tout juste d'amorcer son développement. "Quand on voit le contexte actuel, je privilégierais une enseigne assez mature, qui a déjà fait ses preuves", souligne Laurent Delafontaine.
Lire aussi :
| Créer plusieurs entreprises : ne partez pas tête baissée !
Gardez votre optimisme
Que vous entrepreniez avec ou sans enseigne, un conseil est de rigueur : gardez votre optimiste ! Même si le contexte économique est incertain et les embûches parfois plus nombreuses, ne baissez pas les bras et croyez en votre projet. "Je ne connais pas d'entrepreneurs qui attendent que tous les vents soient favorables pour se lancer. Il y a une forme d'inconscience quand on entreprend, mais dans le bon sens du terme. Le tout est de savoir comment on rationnalise les choses quand les crises s'intensifient", confirme Sylvain Bartolomeu. En somme : ne soyez pas trop frileux et lancez-vous !