Entrepreneurs isolés : pourquoi s'orientent-ils vers la franchise ?

Camille Boulate

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Entrepreneurs isolés : pourquoi s'orientent-ils vers la franchise ?

De plus en plus de porteurs de projet, après s'être lancés seuls dans l'entrepreneuriat, font le choix de la franchise pour se développer et booster leur activité. Mais qu'est ce qui les pousse à passer le pas et à s'adosser à une enseigne ? Témoignages.

Entreprendre c'est aussi vouloir développer son business. Certains entrepreneurs font le choix de se lancer seul. Mais à long terme, de plus en plus de chefs d'entreprise et de commerçants isolés optent pour la franchise pour diversifier leur activité ou bien tout simplement donner un coup de boost à leur activité. "Il y a plusieurs raisons qui poussent ces entrepreneurs à rejoindre un réseau. Mais on me cite souvent que le métier ou l'activité devient parfois compliqué", analyse Laurent Delafontaine, fondateur et dirigeant du cabinet Axe Réseaux. Et ce dernier ajoute :

Aussi, les codes du marketing évoluent sans cesse et il faut, par exemple, être présent sur les réseaux sociaux. Si vous ne maîtrisez pas cela, rejoindre une enseigne peut être vraiment salvateur.

Autre exemple : certains secteurs se complexifient, conduisant les entrepreneurs à se rapprocher d'enseignes pouvant les épauler. "C'est le cas dans le secteur des services à la personne où il devient très compliqué d'avoir un agrément pour évoluer sur le marché de la dépendance, illustre Laurent Delafontaine. Les entrepreneurs accomplis rejoignent bien souvent une enseigne pour gagner en facilité et en efficacité." Pour autant, si vous êtes dans ce cas de figure et que vous souhaitez miser sur la franchise pour vous développer, ayez en tête que vous aurez des coûts inhérents à l'enseigne.

Payer une redevance à un franchiseur peut être difficile à concevoir quand on a commencé en tant qu'entrepreneur isolé. Il faut bien être en accord avec cet aspect clé.

C'est pour comprendre ce cheminement que nous avons interrogés plusieurs entrepreneurs devenus franchisés sur le tard. Voici leurs témoignages.

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Julien Rabot (Carrément Fleurs) : "J'avais besoin de travailler en équipe"

Fleuriste de formation, Julien Rabot se lance à son compte en 2005. Il rachète ainsi une petite boutique à Fontainebleau (77). "Je n'ai pas eu de difficultés à me lancer, j'avais quelques économies et la banque m'a suivi sans problème dans mon projet", souligne le chef d'entreprise. Mais au bout de sept ans, l'entrepreneur souhaite se développer. Et rompre sa solitude. "Je voulais faire grandir mon entreprise et je ne voulais plus être seul, confie-t-il avant d'ajouter :

Pouvoir échanger avec d'autres entrepreneurs est l'un des points fondamentaux qui m'a fait rejoindre un réseau.

C'est ainsi qu'en février 2016, Julien Rabot rejoint Carrément Fleurs et devient le premier franchisé à s'installer à Paris. L'enseigne comptait à l'époque une trentaine de magasins mais très peu dans la Capitale, contrairement à certains concurrents. "Je n'ai pas du tout eu peur de rejoindre un réseau qui n'était pas encore très présent sur cette zone, au contraire. Cela me permettait de me différencier", insiste-t-il.

Et pour le franchisé, désormais à la tête de deux points de vente Carrément Fleurs, le fait de devenir franchisé apporte un certain nombre d'avantages. "Quand j'étais fleuriste sans enseigne, je devais me rendre à Rungis deux à trois par semaine. Aujourd'hui ce n'est plus le cas. Le réseau travaille avec des fournisseurs référencés et tout arrive directement au magasin. Je n'ai plus besoin de me lever très tôt pour acheter mes produits. C'est un gain de temps considérable et cela me permet d'être focalisé sur l'activité de mes points de vente", souligne-t-il. Aux entrepreneurs encore hésitants, Julien Rabot conseille :

N'ayez pas peur de perdre votre indépendance en rejoignant une enseigne. Les franchises connaissent leur marché et les secteurs géographiques qui fonctionnent. Faites leur confiance !

Et si l'entrepreneur concède qu'entreprendre en franchise coûte peut-être un peu plus cher, notamment à cause des droits d'entrées et des redevances, il assure : "Vous générez plus de chiffre d'affaires ! Surtout, vous bénéficiez de supports que vous n'avez pas quand vous entreprenez seuls, que cela soit en communication ou en gestion. Cela a un coût, c'est certain, mais cela rapporte aussi." Et Julien Rabot conclut : "Comparez toutes ces données avant de choisir votre réseau !"

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Louise Leblanc (Ewigo) : "Entreprendre en franchise reste plus confortable"

Destinée à devenir professeur de langue à l'étranger, Louise Leblanc se lance finalement dans l'entrepreneuriat, associée à son père. "C'était il y a sept ans. Nous avons créé une entreprise spécialisée dans la location longue durée de voitures, détaille Louise Leblanc, avant de préciser :

Mais notre concept est un peu atypique puisque nous proposons la location d'espace publicitaires sur les véhicules, venant ainsi minorer la mensualité des clients.

À l'époque, intégrer une franchise n'était pas dans leur projet, Louise Leblanc et son père souhaitant créer leur propre concept. Mais, petit à petit, l'idée de diversifier l'activité a émergé. "Mon père s'est rendu sur le salon de la franchise et a rencontré Ewigo. À l'époque, c'était encore un peu prématuré mais, il y a deux ans, nous avons voulu concrétiser le projet", se souvient-elle.

Ce qui séduit les deux associés ? L'activité d'Ewigo axée  sur l'intermédiation entre particuliers pour la vente de véhicules d'occasion, complémentaire à celle développée dans leur première entreprise. "Nous avons repris une agence à la Roche-sur-Yon et nous sommes actuellement en cours d'ouverture de deux nouvelles agences", détaille-t-elle. La jeune femme apprécie la plus-value de la franchise : "Quand on entreprend seul, tout est compliqué et tout est un challenge à relever, insiste-t-elle, avant d'ajouter :

Entreprendre en franchise reste plus confortable car vous vous appuyez sur un réseau et un concept éprouvé. On va aussi beaucoup plus vite.

Pour autant, Louise Leblanc reconnaît que l'activité a mis du temps à démarrer. "C'était une reprise, donc ce n'était pas simple. Il y avait pas mal de choses à restructurer et il fallait, en parallèle, apprendre le métier. Mais aujourd'hui, l'entreprise est stabilisée et on comment à être profitable", assure-t-elle. Et la chef d'entreprise conclut : "Déléguez et entourez-vous ! Et n'ayez pas peur de perdre votre indépendance parce que vous misez sur la franchise, c'est un leurre ! Vous pouvez vous épanouir en tant qu'entrepreneur franchisé !"

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Arnaud Lemaire (Babychou Services) : " Être dans un réseau qui a fait ses preuves était rassurant"

Ingénieur de formation, Arnaud Lemaire a un parcours atypique. Après avoir évolué en tant qu'ingénieur d'affaires, il se lance dans l'entrepreneuriat en ouvrant, dès le début des années 1990, des discothèques et des restaurants. "Je tenais une dizaine d'établissements. J'ai également ouvert un parc animalier, le tout dans les Hauts-de-France", se souvient-il. Pour l'entrepreneur, se lancer à son compte était une évidence, mais il était loin d'imaginer évoluer dans le milieu de la nuit. "Je ne suis pas du tout issu de ce secteur. J'étais un peu fêtard mais c'est tout, confie-t-il avant de rappeler :

Au départ, quand j'ai ouvert la première discothèque, personne ne le savait à l'exception de ma femme. C'était un peu atypique

Il y a huit ans, à la naissance de sa fille, Arnaud Lemaire décide de revendre ses établissements. "Tout en m'occupant de ma fille, je restais en veille sur d'éventuelles opportunités", explique-t-il. En 2016,  Arnaud Lemaire décide de créer une nouvelle entreprise et se laisse séduire par l'enseigne Babychou Services. Il ouvre ainsi sa première agence à Beauvais en 2016, puis une seconde à Amiens fin 2019. "Le secteur des services à la personne m'intéressait et j'étais sensibilisé à la garde d'enfant. En intégrant un réseau, je voulais surtout rompre l'isolement que l'on ressent en tant qu'entrepreneur. Échanger avec les autres franchisés et avoir le support du réseau, c'est vraiment ce que je recherchais", confie-t-il. Le chef d'entreprise souligne toutefois que l'activité a mis un peu de temps à démarrer. "J'ai dû semer avant de récolter. Tout simplement parce que les clients n'avaient pas encore le réflexe de faire appel à une franchise pour garder leurs enfants. Le marché était vraiment nouveau à Beauvais, insiste-t-il avant d'ajouter :

Être dans un réseau qui a fait ses preuves était rassurant. Et ma persévérance a fini par payer.

D'ailleurs, aux futurs porteurs de projet, Arnaud Lemaire conseille de ne jamais rien lâcher et de ne surtout pas se laisser abattre par les bonnes performances des autres franchisés. "Être dans un réseau fait que vous vous comparez forcément aux autres. C'est bien, mais il ne faut pas se démotiver par les décollages parfois stratosphériques des autres points de vente ou agences. Faites preuve d'abnégation et de persévérance !"

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Philippe Caudal (Nachos) : "En franchise, vous démarrez avec toutes les cartes en main"

Entrepreneur dans l'âme, Philippe Caudal a fait le choix de la franchise pour se diversifier et investir dans un marché qu'il ne maîtrisait pas. Évoluant dans le secteur de la presse, il voulait avant tout miser sur un secteur d'avenir. "Je suis à la tête d'une entreprise de transport spécialisée dans la distribution de la presse. Ce secteur étant sur le déclin, je savais qu'il fallait absolument me diversifier", confie l'entrepreneur. Philippe Caudal analyse alors différents marchés et s'oriente vers la restauration rapide. "Ma réflexion a été simple : c'est le secteur qui ne cessera jamais de fonctionner. Je me suis donc mis à la recherche d'une enseigne, insiste-t-il avant d'indiquer.

La franchise était pour moi un mode confortable. Car vous démarrez avec toutes les cartes en main et vous n'avez, normalement, pas de surprise.

L'entrepreneur s'oriente alors vers Nachos, une enseigne de restauration rapide axée sur les spécialités mexicaines. "Je recherchais un réseau à mon image et plutôt naissant. Je ne voulais pas être un numéro et je voulais partager des idées. C'est ce qu'il s'est produit puisque j'étais le cinquième franchisé", détaille Philippe Caudal. Et ce dernier admet que la création d'entreprise en franchise est clairement plus simple, notamment en matière de financement. "Les banques étaient rassurées au regard de mon expérience et du sérieux de l'enseigne. Le modèle de la franchise amène du confort, surtout au démarrage. L'enseigne fournit un concept clé en main et c'est un vrai plus", explique-t-il. Et ce dernier ajoute : "Intégrer un réseau c'est aussi un avantage en matière de visibilité et de communication. Je n'ai vraiment pas d'appétence pour cela. C'est donc rassurant de pouvoir me reposer sur l'enseigne."

Malgré un démarrage compliqué à cause de la crise de la Covid-19, Philippe Caudal reste très satisfait de s'être diversifié en misant sur Nachos et ne se ferme pas la porte à d'autres ouvertures. Philippe Caudal explique ainsi :

On a perdu une année et demie de développement, c'est certain. Nous allons réaliser le chiffre d'affaires prévu avec un an de retard mais l'activité est là.

Et le chef d'entreprise conclut : "Même si avec le contexte économique on voit que cela se complexifie et que les clients consomment un peu moins, le secteur reste porteur. L'idée sera, à terme, d'investir et d'ouvrir d'autres points de vente."

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