Diversifier son activité peut prendre plusieurs formes. Ouvrir un nouveau point de vente, reprendre une entreprise ou tout simplement proposer une nouvelle offre. Comme dans toute nouvelle orientation stratégique, des précautions sont à prendre. Explications.
Dans votre parcours d'entrepreneur, vous aurez certainement envie de vous développer et donc de diversifier votre activité. Soit en créant ou en reprenant une autre entreprise, soit en proposant une nouvelle offre, complémentaire de votre activité initiale. Mais avant de passer à la vitesse supérieure, il est nécessaire d'être vigilant.
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S'il n'y a pas de moment idéal pour amorcer un virage stratégique, il toutefois est préférable que votre première activité soit stabilisée avant de vous positionner sur une nouvelle entreprise ou de proposer une nouvelle offre à vos clients. "Maitrisez les process et connaissez vos clients ! Un entrepreneur doit être en mesure de faire plusieurs choses à la fois. Pour se lancer dans une nouvelle activité de façon sécurisante, la première doit être en pilote automatique", insiste Nathalie Carré, expert entrepreneuriat au sein de CCI France. Un avis largement partagé par Stéphanie Di Fusco, directrice nationale marché franchise & commerce organisé chez In Extenso. "Quand votre première activité tourne bien, c'est le meilleur moment pour diversifier votre activité, affirme-t-elle, avant d'ajouter :
Vous aurez, en tant que dirigeant, du temps à consacrer à votre nouveau projet.
Toutefois, si vous aviez ciblé un marché et que la concurrence émerge, il peut être opportun d'accélérer votre stratégie. Et donc d'investir plus tôt que prévu. "Il y a le scénario idéal et il y a la réalité du marché. Si la concurrence arrive sur le marché que vous visiez, il est en effet plus opportun d'accélérer pour ne pas laisser la place", souligne Nathalie Carré.
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Ne pas oubliez les fondamentaux
S'orienter vers une nouvelle activité ou proposer des offres différentes nécessite toutefois de prendre quelques précautions. Et de ne pas partir tête baissée sans jauger le secteur. Si logiquement l'étude de marché est recommandée, notamment si vous vous orientez vers un nouveau point de vente, elle n'est pas obligatoire. Sonder votre base client peut suffire. "En général, un entrepreneur va démarrer avec une offre ou un produit. Puis se diversifier sur le long temps. Il peut être judicieux de réfléchir à cela en amont. Vous n'aurez donc plus qu'à suivre votre roadmap", confie Nathalie Carré. De son côté, Stéphanie Di Fusco prévient :
À chaque nouvelle orientation stratégique, il faut vous dire que vous repartez d'une page blanche. Faire une étude de marché ou questionner la clientèle est donc nécessaire pour ne pas rester sur des idées reçues.
En somme, il est important de ne pas oublier les fondamentaux de la création d'entreprise. Faites-vous accompagner, par votre expert-comptable notamment, pour bien ficeler votre projet. Et ne pas mettre en péril votre première entreprise.
Lydie Rouquet (franchisé Carrément Fleurs) : "Quand on se diversifie, on est obligé de déléguer"
Après des études de comptabilité, Lydie Rouquet met sa carrière professionnelle entre parenthèse pour élever ses enfants. "Quand ils ont été assez grands, j'ai voulu reprendre le travail. J'ai d'abord travaillé avec mes frères, qui sont dans le bâtiment", explique-t-elle. Mais rapidement, l'envie de créer sa propre affaire émerge. "Je venais d'avoir 40 ans. Je me suis dit, c'est maintenant ou jamais ! J'avais deux idées de secteurs en tête : la blanchisserie et les fleurs", confie Lydie Rouquet. Elle concrétise son envie en intégrant l'enseigne Carrément Fleurs et en ouvrant sa boutique à Clermont-L'Hérault en avril 2015. L'envie de se diversifier se concrétise également rapidement. Il y a quatre ans, Lydie Rouquet s'oriente vers le secteur du pressing et ouvre un point de vente en franchise Baléo Pressing. "Ce sont des activités complètement différentes. La gestion du personnel reste la même mais le travail et les clients ne sont pas le même, explique-t-elle, avant d'ajouter : La fleur, c'est pour se faire plaisir. Le pressing, c'est un peu du luxe. La clientèle est vraiment plus exigeante." Lydie Rouquet, associé à son mari et ses enfants, a fait le choix de continuer sa diversification, cette fois-ci en ouvrant un commerce de bouche basé sur la boulangerie et l'épicerie fine. "Mon fils est boulanger, mon mari est un réel connaisseur de vin. Nous avons monté notre propre concept baptisé Épifurieux", explique la chef d'entreprise. Et cette dernière de conclure : "Je n'ai pas eu peur de me diversifier. J'aime les défis. Par contre quand on est accompagné par une franchise, c'est vraiment un plus, car plein de choses sont faites par l'enseigne. En revanche, quand on se diversifie, on est obligé de déléguer, ce que je n'aimais pas forcément, mais c'est un passage obligé."
Garder une cohérence
La question qui peut se poser également lorsque vous envisagez d'investir dans un nouveau marché reste la cohérence avec votre entreprise initiale. Est-ce qu'il vaut mieux s'orienter vers un concept, une offre ou une activité complémentaire ? Ou alors privilégier un marché totalement nouveau et opposé à votre première entreprise ? Là encore, il n'y a pas forcément de règles préétablies. "Cela dépend de l'entrepreneur et de ses envies. Il y a des profils qui savent multiplier les ouvertures de restaurants par exemple. Ils repèrent les bons lieux, les bons concepts et savent recruter les bonnes équipes pour exploiter les entreprises", détaille Nathalie Carré. D'autres, en revanche, seront plus à l'aise sur un seul point de vente ou une seule activité. Tout dépendra de votre profil. Nathalie Carré ajoute :
De manière générale, c'est mieux d'avoir une cohérence entre les activités. Mais ce que vont regarder les banques reste votre capacité à gérer en prenant du recul sur l'opérationnel.
Répartir les risques
Avec la crise sanitaire, les confinements et les restrictions qui ont suivies, les entrepreneurs ont pu accentuer leur envie de diversification. Et vouloir ainsi se positionner sur de nouveau marché, afin d'éviter de miser sur qu'un seul secteur d'activité. "Les chefs d'entreprise qui avaient plusieurs sites sur un seul marché sont plus enclins à s'ouvrir à d'autre activités", souligne Stéphanie Di Fusco. Une façon de répartir les risques en cas de difficultés. D'ailleurs, pour l'experte, la franchise reste l'une des solutions efficaces pour diversifier son activité.
Quand on a un métier initial ou une spécialisation, cela permet d'accéder à un nouveau savoir-faire via un concept testé et éprouvé. C'est un gain de temps pour les dirigeants.
Aussi, investir sur différents pans et métiers d'un même marché peut être opportun. "Avoir plusieurs activités sur l'ensemble de la chaîne de valeur peut être judicieux, insiste Nathalie Carré, avant de conclure : Avec cette option, vous maîtrisez l'amont et l'aval." Des groupes comme Thiriet, Fournier (maison-mère des enseignes Mobalpa, So Cooc et Pérenne) ou encore Gautier l'ont bien compris en étant à la fois fabricants et distributeurs.