Dans la seconde édition de son baromètre Digital & Payments, le groupe BPCE dresse un constat de la consommation des Français sur les cinq premiers mois de l'année. Sans surprise, l'inflation s'installe et les Français adaptent leur budget. Explications.
Comment les Français s'adaptent-ils au contexte inflationniste qui perdure ? Dans la deuxième édition de son baromètre Digital & Payments, le groupe BPCE dresse un bilan des premiers mois de l'année 2023. Pour rappel, la maison-mère de Banque Populaire et Caisse d'Épargne avait dévoilé les résultats de son premier baromètre en février et portant sur l'année 2022. "Nous analysons les données, totalement anonymisées, de 20 millions de cartes bancaires, ce qui représente une carte de paiement sur cinq en France", souligne Myriam Dassa, directrice du baromètre, avant de souligner :
Cet outil d'analyse offre une excellente représentativité des comportements d'achats des Français, la carte bancaire étant le moyen de paiement préféré des Français.
Pour cette nouvelle édition, le groupe BPCE a donc passé au crible les comportements des consommateurs de janvier à mai. Le premier enseignement est clair : les constats effectués sur l'année 2022 se confirment. Les Français continuent de compter sur leur carte bancaire puisque les achats via ce mode de paiement ont augmenté de 8 % (paiement mobile compris). L'inflation continue par ailleurs de peser sur le budget des ménages. "Le poste de dépenses 'carburant' le montre bien. On est passé de 43 euros de budget moyen en 2019 à 49 euros en 2022. Désormais, le plein moyen s'élève à 50 euros en 2023, soit une hausse de 2 % sur les cinq premiers mois de l'année", insiste Myriam Dassa.
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Optimiser son budget
Autre grand enseignement : sur ce début d'année, les Français optimisent leur budget pour continuer à se faire plaisir. Dans ce contexte, le discount au sens large (alimentaire, produits divers…) a la cote. Ainsi, 35 % des dépenses réalisées par les Français le sont auprès d'acteurs du discount, soit une hausse de 18 % par rapport à 2022. Si les consommateurs sont plus nombreux à se tourner vers le discount, ils y vont surtout plus régulièrement. Myriam Dassa remarque ainsi :
On constate une hausse de 9 % du nombre de transactions par consommateur. Le marché séduit mais surtout il fidélise.
Une consommation orientée vers les produits moins chers qui permet aux Français de continuer de se faire plaisir sur d'autres postes dépenses. L'engouement pour les sorties au restaurant est ainsi toujours intact avec une hausse de 15 % des dépenses sur ce début d'année 2023. L'impact de l'inflation sur les cartes des restaurants n'est pas la seule explication selon le baromètre. "La fréquentation est également en hausse de 8 %, avec un panier moyen plutôt stable s'élevant à 20 euros par transaction", souligne Myriam Dassa. Les envies de sorties des Français se concrétisent également par une meilleure santé des cinémas qui affichent une augmentation de 49 % comparé à 2022 et de 29 % par rapport à l'avant-Covid. "Les cinémas font salles combles et répondent aux envies de plaisirs des Français", insiste la directrice du baromètre Digital & Payments. Aussi, le marché de la beauté est plébiscité par les consommateurs. Si logiquement les acteurs du secteur avaient été sollicités en 2022 après une forte période de télétravail, l'engouement persiste. Ainsi, début 2023, le marché de la beauté affiche une hausse de 13 % comparé à 2022 et de 27 % par rapport à 2019. "Une augmentation qui est principalement liée aux nombres d'achats (+ 11 %). Les Français aiment et veulent prendre soin d'eux. On le voit, ils sont attentifs à leur budget mais leur consommation ciblée leur permet de conserver des achats plaisirs voire d'en intensifier certains", analyse Myriam Dassa.
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Des jeunes générations plus impactées
Pour ce second baromètre, le groupe BPCE a fait le choix de réaliser un focus sur deux catégories de consommateurs, particulièrement touchés par l'inflation. "La génération Z et les ruraux ont des comportements marqués face à cette conjoncture économique. Des comportements qui pourraient être précurseurs et gagner l'ensemble des consommateurs si l'inflation perdure", affirme Myriam Dassa. Les jeunes de 18-24 ans semblent moins utiliser leurs cartes bancaires puisque les actes d’achat via ce mode de paiement n’ont augmenté que de 4,9 % sur ce début d’année 2023, soit 3 points de moins que pour l’ensemble des consommateurs. Autre constat : les jeunes générations se restreignent sur certaines dépenses, notamment sur la mode. "La génération Z a réduit de 13 % ses dépenses depuis le début de l’année sur le prêt-à-porter, contre 4 % pour l’ensemble des Français", analyse Myriam Dassa avant de préciser :
En revanche, ils se tournent davantage vers la seconde main pour acheter des produits de mode. Le panier moyen via ce canal d’achat s’élève à 26 euros par transaction, contre 20 euros pour l’ensemble des consommateurs.
Sur la restauration, les 18-24 ans préfèrent sortir que de miser sur la livraison. En effet, sur les premiers mois de l’année, le baromètre constate une baisse de 6 % des actes d’achat sur la livraison à domicile pour la génération Z, tandis que l’ensemble des Français ont davantage plébiscité ce mode de consommation (+3 %). Enfin, du côté des populations rurales, là aussi certains enseignements sont à noter. Sans surprise, les habitants de zones rurales voient leur budget impacté par les hausses de carburant (+ 4 %). Un impact qui explique une diminution de la fréquentation en magasins alimentaires. "On constate en effet que les habitants de zones rurales se déplacent moins en magasins et réduisent leurs achats alimentaires (-14 % contre 12 % sur l’ensemble des Français)", souligne Myriam Dassa, avant d’ajouter :
En revanche, ils ne renoncent pas a se faire plaisir. Notamment en se tournant vers de l’alimentation bio.
Fait assez surprenant, les habitants de zones rurales plébiscitent davantage les produits biologiques, alors que la tendance nationale est à la baisse (-4 % sur les 5 premiers mois de l’année). "On note ainsi une hausse de 10 % des achats auprès des rurauxs", affirme Myriam Dassa. Autant de tendances, de constats et d’évolutions que le baromètre Digital & Payments ne manquera pas d’analyser sur le long terme. Une nouvelle édition du baromètre étant en effet prévue pour dresser le bilan de l’année 2023. Affaire à suivre donc.