Faut-il avoir fait de grandes études pour entreprendre ?

Camille Boulate
Faut-il avoir fait de grandes études pour entreprendre ?

Dans votre cheminement vers l'entrepreneuriat, la question du diplôme peut rapidement se poser et vous faire vous interroger sur votre légitimité à vous lancer. Pour autant, devenir entrepreneur ne semble pas être qu'une question de diplômes, bien au contraire.

L'entrepreneuriat, est-ce une affaire de diplômes ? Cette question, que vous vous posez peut-être en tant que futur entrepreneur, s'avère légitime. Depuis plusieurs années, on voit fleurir pléthore de témoignages de jeunes entrepreneurs mettant en avant leurs réussites. Tous affichent un parcours et un profil similaires. Diplômés d'une école de commerce, ils ont su innover pour dépoussiérer un marché. "Il est vrai qu'aujourd'hui, dans les médias, sont valorisées ce type de success stories entrepreneuriales. Mais l'entrepreneuriat, ce n'est pas que ça", assure d'emblée Adrien Rouger, directeur du fonds Impact Partners, qui pilote un programme pour accompagner au changement d'échelle des entrepreneurs ayant un concept commercial adapté aux quartiers populaires. Ce dernier ajoute :

Ce ne sont pas les études qui vont vous donner le mindset pour entreprendre.

"Il faut prendre du recul sur ces success stories que l'on voit partout. Derrière, il y a souvent une idée brillante imaginée par des personnes brillantes. Mais des profils brillants, il y en a partout. Et cela ne leur empêche pas de rencontrer des difficultés", estime, de son côté, Boris Flèche, responsable du développement et de la formation au sein de la Fédération Française de la Franchise. En clair, pour l'ensemble des interlocuteurs que nous avons interrogés, les études et les diplômes ne garantiront pas forcément votre réussite dans l'entrepreneuriat. Avoir fait de grandes études vous donnera probablement des clés pour appréhender chacune des étapes et des situations auxquelles vous serez confronté en tant que chef d'entreprise. Cela vous inculquera certainement des bonnes pratiques et vous rendra plus à l'aise pour parler de votre projet ou aller dénicher des financements. "Les études vont vous aider à vous bâtir un réseau, c'est certain", affirme Adrien Rouger. Pour Nathalie Carré, expert entrepreneuriat au sein de CCI France, les entreprises qui ont à leurs têtes des profils diplômés ont tendance à être plus pérennes.

Leurs créateurs ont l'habitude de faire face à des événements ou à des impondérables.

Cette dernière nuance toutefois : "Dans le même temps, on remarque aussi que les profils diplômés sont amenés, au départ, à se planter plus souvent. Car ils ont l'impression de tout savoir et se font assez peu accompagner."

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L'envie d'entreprendre avant tout

Globalement, les chiffres montrent bien que la proportion de créateurs d'entreprise qui n'ont pas de diplôme ou qui ont un niveau CAP, BEP ou BAC diminue. En effet, elle est passée de 54 % en 2014 à 43,6 % en 2018. "La dernière enquête menée par l'Insee n'est pas encore parue. Mais on tend effectivement vers davantage d'entrepreneurs diplômés, au-delà du BAC. Pour autant, on remarque qu'une grande part de créateurs se lancent sont encore en étant peu ou pas diplômés", souligne Nathalie Carré. Dans le cadre de l'entrepreneuriat en franchise, là aussi on voit qu'une proportion des porteurs de projet se lancent sans diplôme. Selon la dernière enquête annuelle réalisée par Banque Populaire et la Fédération Française de la franchise, plus d'un tiers des franchisés (36 %) ont un niveau inférieur au BAC. "40 % ont un BAC + 2 ou BAC +3 et seulement 24 % affichent un diplôme BAC + 4 ou au-delà", décrypte Boris Flèche. Et ce dernier souligne :

C'est chiffres démontrent qu'il n'est pas nécessaire d'avoir un master pour entreprendre, notamment en franchise.

Et même si la tendance va évoluer avec les nouvelles générations qui seront davantage diplômées, les futurs entrepreneurs doivent s'enlever de l'esprit que le diplôme est nécessaire pour se lancer. "Au-delà du diplôme, l'expérience professionnelle est très importante. En tant qu'entrepreneur, il faut s'interroger : Qu'est qui t'a fait avancer dans ton projet entrepreneurial ? Quelle expérience as-tu acquise et surtout comment peux-tu la mettre en avant ?", estime Boris Flèche.

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Éviter l'auto-censure

Le conseil est donc limpide : ne vous focalisez pas sur votre niveau diplôme ! Et ne vous cachez pas derrière cet argument pour ne pas vous lancer. "Il y a effectivement des profils qui vont facilement plus s'auto-censurer pour diverses raisons (niveau d'étude, genre, histoire familiale…)", admet Adrien Rouger, avant de souligner :

L'exemplarité permettra de passer outre cette auto-censure. Avoir des témoignages d'entrepreneurs dans lesquels les futurs porteurs de projet peuvent se reconnaître reste essentiel.

De son côté, Boris Flèche l'assure : "Votre niveau d'étude ne limitera pas votre capacité entrepreneuriale".  En revanche, pour vous lancer le plus sereinement possible, il est important de faire le point sur ce que vous maitrisez. "Ne faites pas l'erreur de penser tout savoir ! Il n'y a pas de honte à ne pas tout maitriser, au contraire. L'important est de se faire accompagner", assure Boris Flèche. "Soyez conscients des cordes qui manquent à votre arc, et allez les chercher", conclut Nathalie Carré.

Tournez-vous vers les structures d'accompagnement !

Pour vous épauler dans votre projet, n'hésitez pas à solliciter les différentes structures d'accompagnement. Les Chambres de commerce et d'industrie (CCI) sont des acteurs à ne pas négliger dans votre parcours. Les CCI proposent notamment le stage 5 jours pour entreprendre, dont l'objectif est de vous donner les bases de l'entrepreneuriat et de la gestion d'entreprise. Impact Partners est également un interlocuteur à privilégier. En tant qu’investisseur à vocation sociale, Impact Partners apporte une solution de financement, appelée Impact Local, dédiée aux porteurs de projet "franchisés" souhaitant renforcer leurs apports dans le cadre de leur projet et finance également des commerçants indépendants sur des opérations de transmission et de consolidation de trésorerie. Depuis 2022, un programme philanthropique, baptisé Impact Accelerator Food & Retail, a été pensé pour accompagner les entrepreneurs ayant un concept commercial adapté aux quartiers populaires vers le changement d’échelle.

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