L'emprunt bancaire est un levier très largement utilisé par les porteurs de projet pour financer leur création ou reprise d'entreprise. Mais avant d'obtenir un accord de la part d'une banque, il faut réussir à la convaincre de vous suivre. On vous donne trois conseils clés pour y parvenir.
En tant que futur entrepreneur, l'une des étapes essentielles conditionnant la mise en œuvre de votre projet reste le financement. Si vous n'avez pas l'ensemble de l'investissement nécessaire en fonds propres, il y a de fortes chances que vous passiez par un emprunt bancaire. Rassurez-vous, vous n'êtes pas seul. Une très grande majorité des créateurs d'entreprise sollicitent un emprunt bancaire. En franchise, 8 candidats sur 10 financent leur création d'entreprise via un emprunt bancaire, selon la 18e enquête de la franchise réalisée par Banque Populaire, la FFF et Kantar. Mais avant de décrocher un accord de votre banque, il est nécessaire de la convaincre de vous suivre.
1. Être accompagné mais pas trop
Avant d'aller à votre rendez-vous bancaire, il est important de bien vous entourer. Entourez-vous notamment d'un expert-comptable qui pourra vous épauler dans votre projet. "Se rapprocher d'un notaire ou d'un avocat qui pourra vous aider sur des points précis, comme le bail ou la lecture d'un DIP si vous souhaitez vous lancer en franchise, peut être également un bon réflexe", indique Florence Soubeyran, responsable des marchés Commerce et Franchise Banque Populaire chez BPCE. Si vous optez pour la franchise pour entreprendre, n'hésitez pas à demander l'aide de votre tête de réseau. Elle devrait être en mesure de vous aiguiller vers les bons experts et vous aider à préparer vos entretiens avec les acteurs bancaires. En revanche, il est bien souvent conseillé de ne pas aller voir les banques accompagné d'un tiers, que cela soit votre franchiseur ou votre expert-comptable. "Je ne suis pas favorable à ce que les porteurs de projet nous demandent de les accompagner", alerte Olga Romulus, expert-comptable chez Fiducial, avant d'ajouter :
L'entrepreneur doit être en mesure de maîtriser et de défendre son projet.
De son côté, Florence Soubeyran est plus nuancée. "Si vous optez pour la franchise, je déconseille fortement à ce que vous alliez voir les banques avec votre tête de réseau. En revanche, je ne vois aucun problème à ce que l'expert-comptable soit au rendez-vous, conseille-t-elle. Mais attention, c'est à vous de mener l'entretien et il peut venir en support sur toute la partie chiffrée (prévisionnel d'activité, plan de trésorerie, plan de financement…)."
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2. Bien se préparer
Outre d'être bien accompagné, il est important d'avoir un dossier solide à présenter. "Cela ne sert à rien d'y aller trop tôt car cela risque de ne pas être concret pour votre interlocuteur. Notamment, il est important d'avoir un bon business plan", précise Olga Romulus. C'est d'ailleurs un prérequis primordial. Tout comme l'étude de marché, même si celle-ci n'est pas systématiquement considérée comme importante par les porteurs de projet. "L'étude de marché n'est pas un luxe mais un réel investissement. Elle sera utile pour réaliser votre business plan et validera la qualité de l'emplacement en fonction de la concurrence et de la zone de chalandise, confirme Florence Soubeyran. Avec le business plan, elle est nécessaire pour convaincre les banques." Et avant le jour J, entraînez-vous à pitcher votre projet de manière efficace et concise. Il est important que vous incarniez votre future entreprise et que vous soyez assez préparé pour répondre à toutes les interrogations.
3. Être honnête et transparent
Votre principal atout face au banquier sera de rester vous-même. Et surtout de raconter pourquoi vous souhaitez vous lancer dans l'entrepreneuriat. "Il est important de raconter une histoire et de vous attarder sur la genèse de votre projet. Une création d'entreprise se murit. Notamment dans la franchise, où 76 % des créateurs sont d'anciens salariés", souligne Florence Soubeyran. Face au banquier, n'hésitez donc pas à insister sur votre parcours, votre expérience et vos compétences déjà acquises. Et cela même si vous n'êtes pas issu du secteur d'activité dans lequel vous souhaitez entreprendre. Ayez à l'esprit que pour les acteurs bancaires, il sera important que l'ensemble de votre projet soit cohérent. Evidemment, si vous avez passé votre carrière professionnelle derrière un bureau et que vous souhaitez devenir restaurateur, cela pourra être plus compliqué de convaincre. Mais pas impossible. "Si le porteur de projet sait mettre en avant ses expériences, les compétences acquises durant son parcours ou bien qu'il a baigné dans cet environnement parce que ses parents étaient restaurateurs, cela peut aider à être convaincant. D'où l'importance de s'attarder sur son histoire et le pourquoi on se lance dans ce projet", insiste Florence Soubeyran. De son côté, Olga Romulus précise :
Un entrepreneur, s'il est passionné il est passionnant. S'il est capable d'expliquer et de transmettre sa passion pour son projet, il ne peinera pas à convaincre.
L'honnêteté passe aussi par la façon d'expliquer votre business plan. Inutile de gonfler artificiellement votre chiffre d'affaires potentiel et anticipez au maximum les questions que pourrait vous poser le banquier. "C'est pour cela qu'il faut bien préparer l'entretien. Si vous savez qu'à un moment de votre développement ou de votre activité vous risquez de rencontrer des difficultés, ce qui peut être le cas dans une activité saisonnière ou parce que vous passez un cap et vous devez recruter, expliquez-le, conseille Olga Romulus. Gardez en tête que le banquier sera un partenaire sur la durée. Il faut lui donner confiance."
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4. Comparez les offres !
Enfin, sachez qu'il est primordial de ne pas consulter qu'une seule banque. Surtout, ne commettez pas l'erreur de vous cantonner uniquement à celle qui vous connaît dans la gestion de vos comptes personnels. "Il est plus efficace d'aller voir plusieurs banques mais n'attendez pas la réponse de la première avant d'en aller voir d'autres. Cela vous permettra d'éviter de prendre du retard en cas de refus d'un établissement, mais surtout de comparer les offres", précise Florence Soubeyran. Si vous avez plusieurs retours positifs, regardez de près les conditions d'assurance et les garanties. Et ne vous focalisez pas uniquement sur le financement bancaire. On l'a dit, la relation avec le banquier se fera sur la durée. "Regardez tous les frais annexes, liés à l'exploitation de votre entreprise, comme le coût de la mise en place et de la gestion de vos terminaux de paiement. Des services annexes qui feront vivre le banquier et dont les montants ne doivent pas être excessifs", souligne Olga Romulus. Dans votre choix final, ne négligez pas l'humain et le feeling que vous avez eu avec le banquier. Avec quel interlocuteur vous êtes-vous le mieux entendu ? Lequel a le mieux compris et cerné votre projet ? Voilà notamment des questions auxquelles vous devez répondre avant de choisir parmi plusieurs offres.