© De gauche à droite : Benoît Ganem et Frédéric Foncel.
Autodidacte, Frédéric Foncel a gravi progressivement les échelons dans le secteur de la jardinerie. En ouvrant notamment son propre magasin en franchise Jardin des Fleurs à Bergerac en 2012, pour racheter, en décembre dernier, le groupe Flora Nova.
Depuis une trentaine d’années, Frédéric Foncel mène une vie d’acteur de terrain dans le secteur de la jardinerie et des fleuristerie. Dès sa jeunesse, à la campagne, il gagne son argent de poche à travers la tonte et la taille d’arbres. Il réalise alors logiquement une formation en production florale. Un job d’été au sein du magasin Jardiland dans sa ville d’origine, Bourges, lui ouvre les portes d’un contrat à durée indéterminée dans l’enseigne, à travers une candidature envoyée au siège, à Bergerac. "La graine d’entrepreneur, plantée dès les études, a germé en quelques années, explique le chef d'entreprise, avant d'ajouter :
L’envie de vivre de ma propre activité m’a amené à créer un magasin de fleurs en 2000 avec mon épouse dans la vallée de la Dordogne, entre Sarlat et Bergerac, quand l’autoroute n’existait pas encore.
Pour "voir plus grand", le couple s'est rapproché de réseaux nationaux tels que Gamm vert ou encore les espaces enchantés Vilmorin devenus Villaverde. "Notre volonté ? Créer notre propre jardinerie. C’est alors, qu’un soir d’été, à l’aéroport de Mérignac je rencontre Benoît Ganem…", se souvient Frédéric Foncel.
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Un bon franchisé est d’abord un couteau suisse
L’intention de s’implanter en franchise commence toutefois à s’éterniser, et prendra presque deux ans. La raison ? Trouver un local fut difficile pour le couple. Un groupe de jardineries possède alors la mainmise sur le Sud-Ouest, et il reste compliqué de dénicher un bel emplacement. Benoît Ganem, avec qui la relation est restée constante, propose alors à Frédéric Foncel, de reprendre une jardinerie en difficulté à Bordeaux, loin de son lieu d’habitation. C'était en 2004. Avec son épouse, il vend le magasin de Bergerac et accepte de relever le challenge. Deux ans plus tard, retour au pays. Il devient directeur, près de Bourges. Preuve de confiance, l’enseigne lui propose de mener la création d’une jardinerie de 4 500 mètres carrés. "Je prends beaucoup de plaisir dans l’opérationnel. Aujourd’hui, par expérience, je sais qu’un bon franchisé est d’abord un couteau suisse. Je préfère recruter des profils alliant maîtrise du management, savoir-faire dans le commerce et aptitudes en comptabilité, et qui, s’intéressant à chaque rouage, s’avèreront les plus impliqués dans la réussite de leur point de vente", explique l'entrepreneur. Et ce dernier précise :
Dans la gestion d’une entreprise, si les micro-réglages ne pèsent rien de manière isolée, ce n’est qu’additionnés les uns aux autres qu’ils mènent à la performance.
Maîtriser la machinerie en place
Cette capacité à comprendre la problématique d’un dirigeant de jardinerie dans sa globalité l’amènera à se voir confier la mission de directeur régional du Sud de la France pour le groupe… avant qu’il ne soit, à nouveau, en 2012, rattrapé par le virus de l’entrepreneuriat. "Flora Nova venait d’être repris depuis trois ans par Benoît Ganem. J’ai ouvert un magasin franchisé Jardin des Fleurs à Bergerac. Certes, je passais d’une gestion de 40 millions d’euros de chiffre d’affaires avec 200 salariés à 500 000 euros avec quelques collaborateurs", concède-t-il, avant de nuancer :
Mais quel bonheur de repartir dans des activités à taille humaine avec mon épouse et de créer, juste à côté, une deuxième franchise dédiée aux animaux de compagnie !
Et Frédéric Foncel assure : "Malgré vingt ans d’expérience dans le secteur, j’ai compris l’intérêt des 12 semaines de formation, notamment destinées à mieux maîtriser. La mise en place d’un projet me motive énormément. Mais, dans ce monde qui bouge autant, j’ai besoin, en permanence, de réfléchir au coup d’après !"
Résultats économique et gestion des hommes
En 2016, Benoît Ganem lui propose un nouveau challenge, fruit de leur première collaboration. Et de taille ! Il s’agit de coordonner tous les magasins succursalistes (un quart du réseau aujourd’hui) sur le même modèle. À l’époque, certains responsables de point de vente ne décident pas des commandes, et d’autres gèrent leur exploitation comme un franchisé. "J’ai une conviction : on ne peut aller vers la performance qu’en responsabilisant ceux avec qui on travaille. Nous avons donc laissé la gestion des achats aux responsables de magasin à partir d’un budget, avec un suivi de pilotage à distance", témoigne Frédéric Foncel avant d'ajouter :
Résultats économique et gestion d'Hommes vont ensemble et ne s’opposent pas. Avoir, en 5 ans, redresser la situation économique des magasins succursalistes, tout en faisant monter en compétences le personnel en place, demeure une vraie satisfaction.
Et le chef d'entreprise insiste : "Chacun a le devoir de réussir et de performer avec l’argent des autres !" Cette mission capitale a eu une conséquence positive et a permis d'ouvrir la gestion d’un magasin à des profils variés : aujourd’hui, 85 % des franchisés du groupe Flora Nova ne sont pas issus du secteur de la fleur.
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Pour les franchisés, "un des leurs"
En 2021, Frédéric Foncel devient directeur général du groupe Flora Nova, avec deux missions : la gestion du siège et de ses cadres ainsi que l’accompagnement des franchisés, clients principaux de la tête de réseau. En conservant son point de vente à Bergerac, tenu par son épouse et leur équipe locale. "Cela me permet d’évaluer en direct les services rendus par la tête de réseau. Pour les franchisés, je suis 'un des leurs', en quelque sorte, note Frédéric Foncel, avant de préciser :
Ce statut les rassure, permet une fluidité dans nos échanges et entretient une relation de confiance dont les réseaux ont tant besoin pour avancer dans le même sens, que ce soit tant en termes d’innovation, de stratégie, de vision à long terme dont je dois faire preuve.
Fin décembre 2022, après une année et demie, il rachète le groupe Flora Nova, accompagné de cadres et d’un fonds d’investissement 'family', MyHa. "Aujourd’hui, tout fonds d’investissement se positionne sur un projet d’entreprise, mais aussi sur le porteur de projet. En vingt ans, j’ai créé avec Benoit Ganem des liens d’amitié plus forts que ceux professionnels, et nous avons parfaitement fonctionné ensemble car chacun connaît les richesses de l’autre. Dans ce dossier, on peut parler d’une véritable transmission d’entreprise", affirme le chef d'entreprise. Et ce dernier assure :
Nourrir des inquiétudes est inconfortable pour les franchisés. Au cours de la dernière année, nous avons été transparents sur la cession du groupe, et les avons tenus au courant de l’avancée de l’opération. Ce rachat, par mes précédentes missions transversales, est finalement un non-événement.
Une société à capital variable, détenue par des franchisés
Dès sa prise de fonction, Frédéric Foncel s’est concentré sur le développement d’un réseau apaisé, selon plusieurs piliers : la franchise, les succursales, la reprise d’entreprise par des salariés ou une société détenue par des franchisés. "À l’instar des banques, nous disposons de mécanismes financiers permettant d’aider les salariés à reprendre leur point de vente. Un prêt in fine, réalisé avec Impact, permet le seul remboursement des intérêts pendant 7 ans avant verser la totalité de la somme allouée en one shot ou lissée sur un nouveau cycle identique. Nous travaillons également sur la mise en place d’une plateforme de Crowdfunding dédiée au réseau en partenariat Prêt Pro", détaille Frédéric Foncel. La tête de réseau a également créé Gingko, une société à capital variable et détenue par des franchisés. Chaque chef d'entreprise du réseau peut ainsi y contribuer par tranches de 5 000 euros. "Ce levier offre la possibilité de reprendre des magasins du réseau ou hors réseau pour basculer sous l’une de nos enseignes. Leur gestion est intégralement confiée à l'enseigne, qui rend compte du pilotage aux franchisés, insiste Frédéric Foncel, avant de préciser :
Au-delà de ce mécanisme qui contribue au développement, c’est aussi une aventure capitalistique commune avec les franchisés. Dans un monde individualiste, voilà l’exemple d’une belle démarche collective !
Malgré les contraintes imposées par l’augmentation des charges (énergie, transport des fleurs, matières premières…), le groupe Flora Nova a entrepris un travail de fond pour assurer ses marges et reste optimiste face à l’avenir. "Alors que nous ne sommes pas considérés comme des produits essentiels, notre activité a progressé de 8 % par rapport aux valeurs d’avant la crise Covid-19. Sans doute parce que nous restons bien placés sur le marché du cadeau par rapport à d’autres secteurs du retail", estime le chef d'entreprise. Et ce dernier, conscient des défis qui l'attendent, conclut : "Il nous reste à progresser en matière de Responsabilité Sociétale des Entreprise, à renforcer nos achats de fleurs en France pour les faire passer de 5 à 10% dans les prochaines années. À chaque fois que nous trouvons un producteur national avec des quantités suffisantes pour la centaine de nos points de vente, nous le privilégions."