Futurs entrepreneurs : et si vous pensiez à la reprise d'entreprise ?

Camille Boulate
Futurs entrepreneurs : et si vous pensiez à la reprise d'entreprise ?

Les porteurs de projet ne pensent pas d'emblée à la reprise d'entreprise pour se lancer dans l'entrepreneuriat. Pourtant, des opportunités existent et cela peut s'avérer plus simple qu'une création. En revanche, cela nécessite quelques précautions et un peu plus d'investissement. Explications.

On le sait, les Français sont de plus en plus enclins à entreprendre. En 2022, le nombre de créations d'entreprises a encore atteint un niveau record, avec plus d'un million de nouveaux porteurs de projet qui ont passé le cap. Dans le même temps, les entreprises à reprendre sont de plus en plus nombreuses. S'il est impossible de quantifier le nombre exact d'entreprises à la recherche de repreneurs, les experts estiment qu'entre 60 000 et 70 000 entreprises sont, chaque année, à reprendre. "Environ 30 000 sont rachetées, 20 000 transmises en interne et au minimum 15 000 disparaissent. Ces chiffres montrent la difficulté qu'ont les cédants à anticiper la transmission de leur entreprise", analyse Christian Poulmarch, délégué de l'association CRA (Cédant et repreneurs d'affaires), coordinateur de la région Occitanie. Et ce dernier ajoute :

Ce sont près de 100 000 emplois qui disparaissent chaque année du fait de ces non-transmissions. C'est une perte considérable d'un point de vue social mais aussi du savoir-faire.

Dans ce contexte, la reprise d'entreprise peut s'avérer une option à ne surtout pas négliger si vous souhaitez entreprendre. "Il y a un existant. Le gros intérêt pour un repreneur reste que dès les premiers mois il va pouvoir se payer en lieu et place du cédant, ce qui n'est pas forcément possible dans le cadre d'une création", insiste Martine Story, co-fondatrice du cabinet de conseil en reprise d'entreprise ALTHEO et co-auteure du livre Reprendre une entreprise (Dunod). Miser sur une reprise d'entreprise peut également sembler plus rassurant pour les porteurs de projet mais également pour les banquiers, si vous avez besoin de financements. "La différence entre une reprise et une création c'est avant tout l'appétence du porteur de projet pour la prise de risque", affirme Christian Poulmarch. Dans une création, en tant que futur entrepreneur, vous partez d'une feuille blanche. Vous devez donc être en mesure de conquérir un marché et des clients. "Dans une reprise, vous avez une histoire, un chiffre d'affaires existant mais aussi une équipe en place. Autant d'aspects sur lesquels vous pouvez vous reposer", souligne Christian Poulmarch.

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Avoir les reins solides financièrement

Et les chiffres parlent d'eux même. Rependre une entreprise permettrait d'assurer une meilleure pérennité à son projet. Selon le CRA, 75 % des entreprises reprises sont encore en activité au bout de 5 ans, contre 55 % des entreprises créées. La dernière enquête annuelle de la franchise, réalisée par Banque Populaire, la Fédération française de la franchise et Kantar, pointe même un regain d'intérêt pour la reprise d'entreprise de la part des franchisés. En 2022, pour la première fois, le nombre de reprise a dépassé, celui des créations. 53 % des franchisés interrogés ont concrétisé leur projet en reprenant une franchise existante. Pour autant, ces chiffres axés sur le modèle de la franchise, sont une exception. Les futurs entrepreneurs ne pensent pas à la reprise d'entreprise quand ils envisagent d'entreprendre. La principale raison ? Le coût que peut représenter un tel projet. "On l'a dit, la reprise affiche des avantages car il y a un existant", insiste Christian Poulmarch, avant d'affirmer :

Ce confort a un prix. Pour mener à bien une reprise il faut au minimum 100 000 euros d'apport, c'est assez conséquent.

Même constat pour Martine Story. "Contrairement à une création, la reprise implique une dimension financière plus importante. Il faut avoir des fonds propres pour initier un projet. Cela peut être le principale frein pour les entrepreneurs", souligne-t-elle.

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Bien préparer son projet

Si l'aspect financier pour s'orienter vers la reprise est essentiel, ce n'est pas le seul. Pour mener à bien votre projet, bien se préparer en s'interrogeant sur ses compétences mais aussi ses envies est primordial. "Il y a un travail préparatoire important à effectuer", affirme Martine Story. En tant que futur repreneur, il faut donc vous interroger sur ce que vous savez et aimez faire. Par exemple, est-ce que vous avez un savoir-faire dans une filière particulière, comme la grande distribution, l'agroalimentaire ou l'industrie. "Cela peut être des compétences transverses, comme négocier avec des grands comptes ou développer à l'international", insiste Martine Story, avant d'ajouter :

Il faut prendre le temps de réfléchir car la reprise reste un vrai projet de vie.

Interrogez-vous aussi sur vos appétences. Car si vous êtes spécialisé dans une filière, voulez-vous capitalisez sur cette expérience ou changer de voie ? "Il y a des profils de repreneurs plus généralistes qui n'ont pas de spécialisation. Dans ce cas-là, un travail en amont est primordial sur les possibles ou impossibles. Car, pour certains secteurs et métiers réglementés, si vous n'êtes pas spécialiste de la filière, la reprise d'une entreprise n'est pas envisageable", confirme Martine Story. Un avis partagé par Christian Poulmarch. "Le besoin d'indépendance ne suffit pas pour reprendre une entreprise. Il faut bien identifier vos motivations et clarifier ses intentions. C'est un préalable indispensable." Et le délégué du CRA ajoute :

Reprendre une entreprise c'est une démarche à plein temps et qui demande de l'anticipation pour identifier ses atouts.

Entre la maturation de votre projet, qui reste très personnel, et la mise en marche du processus de reprise, ayez en tête que cela prendra a minima une année pour concrétiser votre projet.

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Accompagnement et audits

Et en tant que futur repreneur, il faudra faire face à un défi de taille : trouver le bon projet, qui vous correspond, au bon moment et être en mesure de le financer. Surtout, le marché de la transmission et de la reprise d'entreprise reste très confidentiel. "Il y a le marché visible, caché mais aussi celui qui découle des opportunités. Il faut donc ouvrir ses horizons", insiste Christian Poulmarch. Mais également se faire accompagner. Comme dans tout projet entrepreneurial, s'entourer et demander conseils à des experts est l'une des clés de réussite. Le CRA, dans ce cadre, propose un accompagnement personnalisé à tous ses adhérents et met à disposition un réseau d'entreprises à reprendre mais aussi des outils pour vous épauler. Christian Poulmarch explique ainsi :

Le repreneur adhérent au CRA bénéficie d'un vrai accompagnement, avec des formations, des réunions mais aussi avec des mises en relation avec différents partenaires. Nous somme un facilitateur.

De son côté, ALTHEO propose son expertise de chasseurs d'entreprises. "À partir du cahier des charges de nos clients, on identifie et on approche les entreprises qui correspondent à leurs attentes. On accompagne tous les types de repreneurs : grands groupes, ETI, repreneurs individuels. On est un peu le guide de haute montagne des repreneurs", souligne Martine Story. Surtout, si vous misez sur la reprise d'entreprise, soyez vigilant à l'effet coup de cœur. Et n'hésitez pas à étudier plusieurs dossiers en parallèle, afin d'éviter de perdre du temps. "On voit parfois des profils passer 6 mois ou plus sur un dossier de reprise qui s'arrête brutalement. Si vous n'avez pas de plan B, vous devrez repartir à zéro, ce qui demandera encore du temps et de l'énergie", insiste la co-fondatrice d'Altheo avant d'ajouter :

N'ayez pas peur d'étudier plusieurs dossiers en parallèle. Au contraire. Avoir plusieurs projets à l'étude vous permet d'être plus serein et d'être plus fort dans la négociation.

Enfin, l'une des craintes des repreneurs peut être de découvrir des mauvaises surprises, une fois à la tête de l'entreprise. Ces fameux "cadavres dans le placard", redoutés par les porteurs de projet. Pour les experts, afin d'éviter cela, la clé reste de réaliser des audits. Ces derniers permettront de sécuriser votre projet et vérifieront toutes les informations communiquées par le cédant, qu'elles soient financières, juridiques, contractuelles voire même liées à l'environnement. Des audits qui seront, dans tous les cas, obligatoires pour rassurer les banquiers. "Un repreneur serait suicidaire de ne pas faire d'audits !, affirme Martine Story, avant de conclure : Ayez en tête qu'en tant que repreneur, vous ne connaîtrez jamais aussi bien l'entreprise que le cédant, surtout s'il en est le créateur. Effectuer des audits reste donc votre meilleure sécurité pour éviter les mauvaises surprises."

Et vous souhaitez en savoir plus sur la reprise d'entreprise ? Rendez-vous au salon Franchise Expo Paris. Christian Poulmarch et Martine Story animeront deux conférences dédiées à la reprise d'entreprise. Découvrez le programme en détail. Et commandez votre badge gratuit en cliquant ici.

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