L'activité du commerce spécialisé repart à la hausse en février, mais l'avenir est encore incertain

Camille Boulate
L'activité du commerce spécialisé repart à la hausse en février, mais l'avenir est encore incertain

Les derniers chiffres sont tombés : l'activité du commerce spécialisé connaît une hausse en février comparée à la même période l'année dernière, selon les chiffres mensuels dévoilés par Procos. Toutefois, ces bonnes performances sont clairement à nuancer. Explications.

Une bonne nouvelle en trompe l'œil ? C'est l'alerte donnée par Procos. En effet, si les performances des commerçants sont à la hausse en février, avec une augmentation du chiffre d'affaires en magasin de 7,5 % par rapport à la même période l'année dernière, la fédération pour la promotion du commerce spécialisé tient à nuancer :

Rappelons que l'activité de février 2022 avait été médiocre et marquée par le début de la guerre en Ukraine.

Malgré tout, en cumul, sur les deux premiers mois de l'année, l'activité en magasins est en croissance de 9,4 % par rapport à l'année dernière. Là encore, Procos tient à analyser : "Il faut rappeler que ces évolutions de chiffres d'affaires doivent être pondérées de la hausse des prix. Les augmentations des ventes en volume sont  beaucoup plus limités."  Ces chiffres sont tout de même une bonne nouvelle pour le commerce spécialisé. Cela démontre en effet que les consommateurs ont toujours envie de consommer "malgré la conjoncture et la très forte hausse de l'énergie et des produits alimentaires", souligne Procos.

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Évolutions positives pour tous les secteurs

Autre point notable : tous les marchés du commerce spécialisé connaissent une hausse de leur activité. Parmi les secteurs les plus plébiscités en février, la beauté santé (+14,8 %), la restauration (+11,5 %) et l'alimentaire spécialisé (+ 7 %) arrivent en tête. Suivent ensuite l'habillement (+5,5 %) et la chaussure (+0,9 %). Des performances plutôt rassurantes, compte tenu de la mauvaise santé du secteur et les enseignes qui ont dû, ces dernières semaines, cesser leur activité, comme San Marina, ou être placée en redressement judiciaire, comme Gap France. Le secteur dédié à l'équipement de la maison continue quant à lui de marquer le pas et augmente très légèrement (+0,9 %). En revanche, les ventes sur Internet baissent à nouveau (-2 % en moyenne). "En cumul, magasins plus Internet, l'évolution de l'activité des enseignes est en hausse de 6,9 % en février et de 9 % sur les deux premiers mois de l'année", constate Procos.

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Une fréquentation en hausse…

Autre bonne nouvelle, la fréquentation en magasins est en hausse de 6,5 % sur le mois de février. Une fréquentation qui se rapproche de celle d'avant Covid-19, selon la fédération.

Les consommateurs sont toujours présents malgré le contexte, l'inflation et les difficultés de mobilité (mouvements sociaux, carburants…).

Malgré ces signaux positifs, les enseignes et les acteurs du commerce spécialisé restent inquiets face à un avenir clairement incertain à court et moyen terme. En cause ? La poursuite des mouvements sociaux à propos du projet de lois sur la retraite que Procos juge préoccupante. "Car toute difficulté dans la mobilité (carburant, grèves dans les transports, baisse du tourisme, manifestation…) a des conséquences sur les lieux et rues de commerce." 

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… Mais des inquiétudes persistent

Un contexte socio-économique chahuté qui vient donc accroître la fragilité de certains commerçants, notamment en matière de trésorerie. Aussi, on l'a évoqué plus haut, les défaillances de certains réseaux inquiètent. "Il ne faut ni considérer que la situation est générale, tous les réseaux ne sont heureusement pas en difficulté, ni sous-estimer les risques de multiplication des fermetures de points de vente ou de difficultés de réseaux sous l'effet des hausses considérables de tous les coûts", affirme Procos. Et la fédération ajoute :

Le commerce reste, évidemment, une activité d'avenir c'est pourquoi il faut créer le contexte d'accélération de ses transformations. Mais il faut aussi être attentif aux impacts de la conjoncture actuelle.

Ainsi, Procos demande au gouvernement de rester très vigilant aux difficultés éventuelles des réseaux et d'apporter l'appui nécessaire dans les prochaines semaines voire prochains mois. "[Il ne faut pas] laisser se diffuser les risques de décommercialisation territoriale à travers l'augmentation de la vacance commerciale en mobiliser les bailleurs, les banquiers dans ce moment crucial", affirme Procos. La fédération appelle le gouvernement à envisager la mise en place d'une cellule de crise, réunissant l'ensemble de l'écosystème lié au commerce. Le but ? Faire face aux difficultés actuelles, notamment liés aux mouvements sociaux et dont on remarquera un impact probablement marqué sur l'activité du mois de mars. Affaire à suivre donc.

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