Laurent Bassi (Basilic&Co) : "En tant qu'entrepreneur, gardez la tête froide et pensez avant tout à vos clients !"

Camille Boulate
Laurent Bassi (Basilic&Co) :

À l'issue de ses études de commerce et de marketing, Laurent Bassi souhaite d'abord se tourner vers l'événementiel. Il fait finalement le choix de la restauration en ouvrant sa première pizzeria en 2004, avec zéro euro en poche, dans un petit village de la Drôme. Une première expérience qui lui permettra de bâtir les prémices du réseau Basilic&Co. 

Avant de bâtir son réseau de franchise, Laurent Bassi s'orientait davantage vers l'événementiel. Durant ses études de commerce et de marketing, le futur entrepreneur s'était impliqué dans le milieu associatif. "En parallèle de mes études, j'organisais des événements sportifs. J'étais très attiré par le fait de construire tout de A à Z et du travail collaboratif que cela impliquait", se rappelle-t-il. Une fois diplômé, Laurent Bassi se pose un temps la question de poursuivre dans cette voie professionnelle. "Mais je me suis rendu compte très vite que ce milieu était compliqué car il demandait une trésorerie importante que je n'avais pas à l'époque, souligne-t-il, avant d'ajouter :

Durant les événements que j'organisais, nous avions toujours installé des offres de restauration rapide, mettant à l'honneur les produits du terroir. J'ai alors remarqué que ce marché était axé autour de la malbouffe.

Fort de ce constat, ce fan de pizza se pose la question de lancer son propre concept à vase de produits du terroir. "On était en 2003. À cette époque, la pizza premium n'existait pas", insiste Laurent Bassi.

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Système D et huile de coude

Pour lancer son projet, il s'associe à un ami d'enfance. Ensemble, ils partent à l'assaut des banques pour financer leur projet. Les deux entrepreneurs, tout juste diplômés, n'avaient pas un sou en poche. "Et nous ne voulions pas solliciter la famille. Nous voulions nous débrouiller financièrement", confie Laurent Bassi. Ils enchaînent une trentaine de rendez-vous bancaires, mais sans succès. "Une seule banque trouvait notre concept intéressant mais ne pouvait nous financer, se souvient Laurent Bassi, avant d'ajouter :

Nous n'avions aucun apport personnel et nous voulions entreprendre dans un domaine que nous ne connaissions pas. C'était trop risqué pour les banquiers.

Les deux amis s'orientent vers les concours dédiés aux futurs entrepreneurs et parviennent à décrocher un financement de 10 000 euros. "Ensuite, un banquier a accepté de nous accompagner en nous accordant un prêt de 4 000 euros", explique Laurent Bassi. Avec leurs 14 000 euros en poche, Laurent Bassi et son associé n'ont pas le choix de se retrousser les manches. Ils dénichent un local de 36 mètres carrés à Saint-Jean-en-Royans, petit village de la Drôme. Un emplacement qui leur permet d'axer leur concept uniquement sur de la vente à emporter. "Avec le peu de moyen que l'on avait, on a tout fait nous-mêmes, aidés de nos proches, insiste l'entrepreneur. Nous avons mis environ 8 mois à effectuer les travaux et nous avons ouvert en octobre 2004."

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Qualité et approvisionnement

Dès le départ, la volonté de Laurent Bassi était d'axer son concept sur les produits locaux et qualitatifs, le tout en maintenant un prix accessible. Mais il concède, cela a été difficile de convaincre les fournisseurs. "La restauration rapide avait une mauvaise image auprès des producteurs. Certains ne voulaient pas du tout être associés à ce marché. Mais nous leur avons ramené nos pizzas et certains ont fini par nous faire confiance", détaille Laurent Bassi. Pour trouver la bonne recette de pâtes, l'entrepreneur testera plusieurs farines françaises et fera une trentaine d'essais. "On est parti de loin. Et c'est ce que je trouve intéressant dans l'entrepreneuriat, affirme-t-il, avant de continuer :

Quand on fait face à beaucoup de problèmes, on pense que ce n'est pas possible de trouver une solution. Or, je crois profondément que c'est l'inverse : ce sont les nombreux défis qui permettent de réussir.

L'ouverture de ce premier point de vente, baptisé Au coin du feu, fut difficile pour les deux entrepreneurs. Non pas parce que leurs pizzas ne plaisaient pas, mais parce que la demande était trop importante. "Nous n'avons pas réussi à maîtriser le flux. C'est à cet instant que l'on a vraiment compris qu'être restaurateur, c'est un métier. On a travaillé, on s'est questionné pour finalement améliorer nos process et nos techniques", confie Laurent Bassi.

Premières ouvertures

Après avoir peaufiné leur concept pendant trois ans, ils décident de se lancer un nouveau défi. Les deux associés revendent leur premier restaurant, payent les quelques dettes contractées, et se tournent vers les banques pour décrocher un emprunt de 30 000 euros. Au total, le duo d'amis parvient donc à réunir 100 000 euros, de quoi financer en partie l'ouverture du premier restaurant Basilic & Co, d'une surface de 70 mètres carrés. "Nous avions plus d'argent, mais ce n'était pas encore assez pour finaliser les travaux. Donc nous avons une fois encore retroussé nos manches pour les réaliser et conserver notre enveloppe pour acheter le matériel sur-mesure dont on avait besoin", détaille Laurent Bassi. Ce premier Basilic & Co voit le jour à Romans, une ville moyenne de l'Isère, en 2006. Une première ville test pour les entrepreneurs. "Romans n'était une ville très dynamique, avec l'un des revenus moyens les plus bas de France. Ma logique était simple, confie Laurent Bassi, avant d'indiquer :

On repartait de zéro, il fallait montrer que notre concept fonctionne et le tester sur une zone difficile sur le papier.

Et très vite, Basilic & Co arrive à séduire les consommateurs. Dès la première année, le restaurant affiche un chiffre d'affaires de 150 000 euros. "On se dit qu'on peut encore aller plus loin. On recrute et on met en place un vrai plan de communication. Cela nous permet rapidement de doubler le chiffre d'affaires." Deux ans après l'ouverture, les associés se disent qu'il y a un vrai potentiel pour des ouvertures en franchise. Mais avant de se lancer, ils testent leur concept sur une ville plus grande et concurrentielle. Ainsi, le deuxième Basilic & Co ouvre ses portes à Grenoble en 2013. "On investit dans un emplacement numéro 2, ce qui ne se fait pas du tout dans le secteur de la restauration. On était dans un quartier résidentiel, avec peu de commerces. Le coût des locaux étaient moins chers et on était proche des clients, c'était une vraie stratégie", insiste Laurent Bassi. Là encore, dès les premiers mois, le succès est au rendez-vous.

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Cap vers la franchise

C'est en 2014 que l'entrepreneur se sent véritablement prêt à amorcer un développement en franchise. Au même moment, l'associé de Laurent Bassi quitte l'entreprise. "Il était moins à l'aise avec un développement et donc il a eu le courage de se dire que le projet était trop ambitieux pour lui. Il est parvenu à avoir ce recul et il ne regrette pas", confie l'entrepreneur. Accompagné d'experts en franchise, Laurent Bassi structure son réseau et amorce donc son développement. En ayant bien rôdé son concept et diminuer les coûts d'investissement au maximum, tout en conservant la qualité, le chef d'entreprise vise des jeunes entrepreneurs. "J'avais vraiment en tête de capter ces profils et de permettre aux jeunes porteurs de projet de se lancer, même sans trop d'apport, explique-t-il, avant d'ajouter :

Tout simplement parce que c'est mon parcours. J'étais vraiment focus là-dessus et je pense que l'on a réussi puisque notre plus jeune franchisé a 24 ans.

Aujourd'hui, le réseau compte une soixantaine de restaurants et a réalisé 35 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2022. Et l'enseigne ne compte pas s'arrêter là puisque 25 nouveaux restaurants devraient voir le jour dans les prochains mois. "En 2024, nous envisageons 100 points de vente, principalement implantés dans des villes moyennes", détaille Laurent Bassi.

Pensez aux clients !

Et l'entrepreneur, seul actionnaire de son entreprise, admet qu'il faut composer avec cette nouvelle casquette de franchiseur. "Il y a toujours des doutes. Simplement parce que l'on sait que notre engagement moral et sociétal est important. On ne vend pas des stylos billes !, insiste-t-il, avant de préciser :

Je voulais un modèle qui soit rentable, respectueux de l'environnement et facilement accessibles pour beaucoup d'entrepreneurs, le tout en bâtissant un réseau structuré.

Et, aux futurs porteurs de projet, Laurent Bassi assure qu'il faut avoir conscience que l'entrepreneuriat c'est un tas de problèmes au quotidien. "Gardez la tête froide et pensez avant tout à vos clients !, assure-t-il, avant de conclure : Il faut penser qu'il y a toujours quelque chose à améliorer. En tant que franchiseur, il faut anticiper et toujours faire évoluer son concept."

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