Loisirs indoor, l'arrivée de nouveaux concepts booste le marché

Camille Boulate
Loisirs indoor, l'arrivée de nouveaux concepts booste le marché

Après deux années difficiles liées à la Covid-19, le marché des loisirs commence à retrouver des couleurs. Malgré l'impact des confinements sur le chiffre d'affaires, le secteur a vu de nouveau concepts, toujours plus novateurs, éclore et trouver leur public. Pour autant, de nouveaux défis semblent émerger, liés à l'inflation et son impact sur le pouvoir d'achat.

Tout n'a pas été rose pour le marché des loisirs ces deux dernières années. Sans surprise, très impacté par les fermetures administratives et les restrictions sanitaires liées à la Covid-19, le marché a vu son activité à l'arrêt pendant de longs mois. Aujourd'hui, l'activité renoue avec la croissance, mais le secteur fait face à de nouvelles inconnues. "Le marché a très bien repris cette année. Mais nous sommes encore très impactés par les crises successives, insiste Eveline Villame, présidente de l'association Space, dédiés aux espaces de loisirs indoor, avant de détailler :

Après les Gilets Jaunes, on a fait face à la crise sanitaire et à la pénurie de carburant. À cela s'ajoute l'inflation des prix de l'énergie. Tout cela fait que le secteur est encore chahuté.

Autant d'incertitudes qui impactent le pouvoir d'achat des Français et peuvent conduire, sur le long terme, à des arbitrages du côté des loisirs. C'est en tous cas l'analyse effectuée par Xerfi qui, dans une étude publiée mi-novembre, pointe plusieurs facteurs de risques pour le secteur. Outre le contexte inflationniste, l'institut d'études économiques s'inquiète des problématiques de recrutement qui "ne permettront pas aux professionnels de faire pleinement face à la hausse de leur activité parfois soudaine".

Lire aussi : 
 | Emmanuel Le Roch : "Dans le contexte actuel, rationnalisez votre projet !" 

Une année 2022 prometteuse

Pour autant, malgré ces zones d'ombre, le marché se porte bien. "Le désir des consommateurs, des familles mais aussi des entreprises est toujours là", affirme Eveline Villame. Une analyse partagée par Xerfi. L'institut d'études confirme que l'activité des loisirs indoor est repartie fortement à la hausse grâce à plusieurs facteurs favorables. On peut notamment citer le regain d'intérêt des Français pour le sport et les activités récréatives indoor, les pics de chaleur de cet été ou encore la baisse du pouvoir d'achat qui a paradoxalement entraîné un effet de report sur les loisirs de proximité. "De nombreuses familles ont par exemple remplacé de courts séjours loin de leur domicile par des sorties dans un bowling ou un kid park voisin afin de limiter leurs dépenses (carburant, hébergement, etc.)", insiste l'institut d'études économiques. Autant d'éléments qui rendent les acteurs du secteur confiants pour les prochains mois. "Il y a vraiment un développement fort de ce que l'on appelle le 'retailtainment', constate Sylvain Bartolomeu, dirigeant associé du cabinet Franchise Management, avant d'ajouter.

Cela s'explique : dans un contexte de sortie de crise sanitaire et d'environnement économique instable, les Français ont besoin de loisirs.

Quizz Room : "Nous avons été rentables dès les premiers mois"

Surfant sur la vague des jeux télévisés, Quizz Room a vu le jour en 2019 à Paris. À l'époque, ce nouveau concept était un ovni dans le secteur du loisir. "Notre volonté n'était pas de faire un Trivial Pursuit, qui reste un jeu très élitiste. Nous voulions démocratiser le quizz tout en proposant une expérience ludique et conviviale, le tout en rappelant les codes des jeux télévisés", confie Tristan Quélin, co-fondateur de l'enseigne. Résultat : le concept séduit. Au bout de deux mois, Quizz Room fait salles combles sur son premier établissement. "Nous avons été rentables dès les premiers mois. Tout simplement parce que nous proposions un concept original. Dans des villes comme Paris, les concepts nouveaux et modernes séduisent. Les consommateurs sont donc friands d'essayer de nouveaux modèles", insiste Tristan Quélin. Quizz Room se développe en franchise depuis juin 2021 et comptera, fin 2022, 35 établissements, dont 5 en succursales. "Nous visons les 50 unités d'ici fin 2023. L'étranger est également une stratégie. Nous venons d'inaugurer une master-franchise en Australie, à Sydney. Nous avons un plan de développement via ce modèle sur d'autres pays, notamment au Canada où il y a un vrai marché à investir", conclut Tristan Quélin.

Quid des nouvelles tendances ?

La particularité du secteur réside dans sa diversité. Depuis quelques années, de nouveaux concepts toujours plus innovants, émergent. Exit l'époque où les Français n'avaient le choix qu'entre le cinéma, le bowling ou le laser-game pour se divertir. Désormais, les consommateurs peuvent multiplier les expériences. Trampolines park, salles d'escalade, escape game, réalité virtuelle, vague de surf indoor… les offres se multiplient. Et depuis quelques mois, ce sont les concepts dédiés au karaoke, comme Karafun, ou aux jeux de quizz, comme Quizz Room, qui tirent leur épingle du jeu. Une bonne nouvelle pour le secteur, selon Xerfi :

[Le marché] sera porté par les ouvertures d'établissements dans les segments émergents et les efforts des exploitants pour renouveler leur offre afin d'attirer et de fidéliser la clientèle.

Ce qu'apprécient les consommateurs dans ces nouveaux modèles ? Le fait de pouvoir se divertir, en petit comité, avec sa famille ou ses amis. Car, avec la crise sanitaire, impossible de savoir si les clients allaient être prêts à revenir dans des lieux clos, en présence d'inconnus. Aux vues de la reprise du secteur, les Français ne boudent pas les concepts de loisirs indoor.

Lire aussi : 
 | Envie d'entreprendre ? Posez-vous les bonnes questions ! 

Mais les attentes ont clairement évolué. "Le besoin de loisirs a explosé après les confinements. Et nous avons clairement constaté que les activités de groupe, comme le bowling, effectuées en présence de personnes que l'on ne connaît pas pouvait être un frein, affirme Mickael Pynson, directeur général de l'enseigne Karafun. Il y a un vrai besoin de renouvellement et notre concept répond à cette attente." Un constat partagé par Sylvain Bartolomeu : "Je crois vraiment à ces formats qui font vivre des expériences en petits groupes. L'expérience utilisateur y est poussée au maximum et c'est, à mon sens, vraiment porteur."

Karafun : "Notre modèle permet une expérience immersive"

Fondée en 2004, l'enseigne dédiée au karaoke s'était d'abord focalisé sur le digital, via une application. Mais depuis 5 ans, Karafun a fait le choix d'ouvrir un espace physique à Lille avec des box de karaoke permettant de se réunir en petit groupe. "Le modèle permet une expérience immersive grâce à un développement informatique unique couplée à une ambiance son et lumière. Les clients peuvent également commander leurs consommations directement depuis le box, rendant le moment encore plus immersif", détaille Mickael Pynson, directeur général de l'enseigne. Après les premiers confinements, Karafun ouvre un second établissement à Bruxelles. Un troisième devrait voir le jour début 2023, à Paris. "Cet établissement sera notre flagship et devrait représenter le modèle que nous allons développer en franchise. Nous avons menés quelques ajustements, notamment concernant l'espace bar qui ne fonctionnait pas comme nous l'aurions voulu. Les consommateurs ne venant pas chez nous uniquement pour boire un verre mais pour l'expérience. On a donc repensé notre modèle de manière à ce qu'il soit plus efficient", souligne Mickael Pynson. Karafun envisage d'accueillir ses premiers franchisés courant 2023. "Nous estimons le potentiel en France à une cinquantaine d'établissements. Rapidement, l'idée sera de nous développer à l'étranger, via la master-franchise, notamment aux États-Unis et au Canada où ce marché est porteur", conclut le directeur général.

Des points de vigilance

Si les perspectives du secteur à moyen et long terme semblent bonnes, des incertitudes persistent. On l'a dit, le contexte économique et la pression sur le pouvoir d'achat peut amener les Français à arbitrer certaines dépenses. Mais ce ne sont pas les seuls points de vigilance à avoir avant d'entreprendre dans ce secteur. "La difficulté pour les entrepreneurs sera d'absorber les coûts supplémentaires liés à l'augmentation de l'énergie notamment et de développer du chiffre d'affaires", admet Evelyne Villame avant d'ajouter :

Je ne doute pas de l'industrie qui a toujours été très créative dans le développement de concepts. La seule chose : il faudra que l'activité soit rentable.

Une alerte donnée également par Emmanuel Le Roch, délégué général de la fédération du commerce spécialisé Procos. Ce dernier l'assure : ne vous trompez pas sur les volumes du marché ! "Il n'y a pas de fréquences d'achats comparables à certaines branches du commerce et il y a des phénomènes de modes. Il faut en avoir conscience. Si la France reste sous équipée sur ce marché par rapport à d'autres pays, les modèles économiques sont tendus, le point de rentabilité ne doit pas être trop élevé", analyse-t-il. Sur les concepts de multi-activités, la rentabilité est également un sujet central, comme le souligne Xerfi. "Cela nécessitera de fidéliser la clientèle et de séduire le plus grand nombre de consommateurs alors que l'effet nouveauté qui dope actuellement la fréquentation s'essoufflera", insiste l'institut d'études économiques. Attention donc aux effets de mode et ne négligez pas l'analyse du marché mais aussi celle de votre zone d'implantation avant de vous lancer !

Recevez vos newsletters gratuitement

Nous vous recommandons

32 % des commerçants constatent une baisse de leur chiffre d'affaires

32 % des commerçants constatent une baisse de leur chiffre d'affaires

Selon une étude OpinionWay pour la marketplace Faire, les commerçants affirment être inquiets pour les mois à venir. Un tiers d'entre eux constatent une diminution de leur chiffre d'affaires depuis le début de l'année....

27/09/2023 | Commerce
Restauration : un dynamisme qui s'essouffle ?

Restauration : un dynamisme qui s'essouffle ?

Consommation : le marché de la bio résiste

Consommation : le marché de la bio résiste

L'activité du commerce spécialisé se dégrade en août

L'activité du commerce spécialisé se dégrade en août

Plus d'articles