Maxime Gérard (Cuisines Venidom) : "Les diplômes ne font pas de vous un bon chef d'entreprise !"

Camille Boulate
Maxime Gérard (Cuisines Venidom) :

Après un premier échec entrepreneurial, Maxime Gérard créé Cuisines Venidom, en 2011. Avec son concept de camion-magasin, l'entrepreneur souhaitait se différencier des autres acteurs du secteur. Si aujourd'hui l'enseigne affiche de belles performances, notamment en franchise, tout n'a pas été simple pour son fondateur.

À seulement 21 ans, Maxime Gérard plonge dans le grand bain de l'entrepreneuriat en reprenant un magasin de cuisines situé en Picardie. Avec en tête, toutes les embûches qui pouvaient se présenter à lui en tant que jeune entrepreneur. "Je me suis lancé en connaissance de cause, mon beau-père ayant toujours été à son compte", explique-t-il, avant d'ajouter :

J'ai grandi dans cet environnement entrepreneurial et avec cette notion que ce n'était pas forcément évident.

Pour autant, même s'il était préparé, Maxime Gérard fait face à des difficultés importantes. À tel point qu'il connaîtra un dépôt de bilan. "Quand vous avez 25 ans, cela vous marque beaucoup. J'ai rapidement analysé pourquoi c'était arrivé : nous n'atteignions pas le seuil de rentabilité car nous avions trop de charges de structure. Un loyer trop cher, une masse salariale trop importante et des coûts exorbitants de chauffage, due à une hauteur sous plafond de 8 mètres, ont eu raison de l'entreprise", détaille Maxime Gérard.

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Un financement difficile

Ce constat établi, l'entrepreneur se fait une promesse : ne plus jamais créer d'entreprise nécessitant un point de vente physique et des employés. Après une rapide expérience en tant que salarié, le jeune homme souhaite redevenir entrepreneur. "Mais avec mes conditions. Rapidement, l'idée du camion ambulant pour vendre des cuisines émerge", insiste Maxime Gérard. Pour donner vie à son projet, l'entrepreneur déménage et part vivre en Dordogne. Le chef d'entreprise confie ainsi :

C'était compliqué de rester dans une région où j'avais connu un échec, psychologiquement cela reste éprouvant.

Sur place, de nouvelles difficultés apparaissent toutefois. Notamment pour trouver les financements nécessaires. Le jeune entrepreneur peine à convaincre les acteurs bancaires à le suivre dans son nouveau projet, trop précurseur à l'époque. "On m'a clairement dit que cela ne marcherait jamais. J'ai dû démarcher une douzaine de banques avant de parvenir à décrocher un prêt bancaire, souligne Maxime Gérard. Mais je croyais dur comme fer en mon projet, donc je ne me suis jamais laissé abattre."

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Ne jamais lâcher

Une ténacité qui finit par payer. Le fondateur de Cuisines Venidom parvient à réunir les 80 000 euros nécessaires pour lancer son premier camion-magasin en 2011. Rapidement, en étant présent sur les marchés et les foires locales, l'entrepreneur convainc ses premiers clients. "La présence sur les marchés communaux ne coûte pas cher et m'a permis de me faire connaître. Cela a vraiment bien fonctionné." À tel point que Maxime Gérard revient sur sa volonté de ne plus avoir de salariés. "J'ai recruté un poseur avec qui j'avais déjà travaillé en intérim et dont je connaissais les compétences. Et je me suis rendu compte que, ce qui m'avait fait défaut lors de ma précédente expérience, était les mauvais recrutements. J'ai donc tout fait pour ne pas tomber dans les mêmes travers et ai pris le temps de recruter." Surtout, face aux demandes des clients et au potentiel de l'activité, le modèle de la franchise s'impose petit à petit à l'entrepreneur.

50 franchisés d'ici 2023

Le chef d'entreprise s'entoure alors de plusieurs experts (consultant, avocat, expert-comptable) pour amorcer son développement. Avec quelques craintes. "Je mettais à nouveau beaucoup d'argent sur la table pour structurer le réseau. Autant que pour reprendre le magasin physique à mes débuts, donc cela m'effrayait un peu. Même chose pour les recrutements. Mais j'ai vraiment pris le temps de trouver les bonnes personnes pour ne pas me tromper et fragiliser l'enseigne", détaille le fondateur de Cuisines Venidom avant de conseiller :

Si vous souhaitez devenir franchiseur, prévoyez une somme importante pour vous lancer. Et surtout anticipez !

Dès 2019, un premier franchisé rejoint le réseau. Et aujourd'hui, le concept séduit de plus en plus les porteurs de projets. "Notre modèle a pris davantage de sens depuis le début de la crise. Les clients sont rassurés que nous venions chez eux", affirme Maxime Gérard. D'ici la fin de l'année, Cuisines Venidom devrait compter 35 franchisés. "Fin 2023, nous devrions atteindre 50 partenaires. J'aimerais compter 100 franchisés à plus long terme", insiste Maxime Gérard.

Plus d'informations : 
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Ne pas rester seul

Un palier difficile à atteindre mais pas impossible selon l'entrepreneur qui s'avoue très confiant quant au marché. "Les paniers moyens ont augmenté ce qui compense l'inflation sur les prix d'achat. Les Français sont prêts à mettre plus d'argent dans leurs projets. Les perspectives sont très bonnes", estime le fondateur de l'enseigne. Côté profils de franchisés également, le franchiseur n'est pas inquiet. "Il y a une grande vague de démissions : les salariés ont envie de changer leur façon de travailler et se dirige facilement vers l'entrepreneuriat. Et la franchise a le vent en poupe. Même si auprès du grand public, elle a encore parfois mauvaise presse", déplore l'entrepreneur. Pour les futurs porteurs de projet, quels qu'ils soient, l'entrepreneur a un conseil primordial : entourez-vous des bons partenaires. "Adhérer à des syndicats patronaux, comme le Medef, ou à des réseaux d'affaires, tel le BNI, peut être un vrai plus. Cela vous permet de ne pas être seul et de rester informé sur les législations changeantes. Pendant la crise, c'était clairement un atout", conclut Maxime Gérard.

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 | Envie d'entreprendre ? Posez-vous les bonnes questions ! 

Écoutez-vous !

Si l'entrepreneur conseille de se faire entourer, il recommande aussi de suivre son instinct et d'être tenace quant à votre futur projet. "N'écoutez pas forcément les sonneurs d'alerte ou les proches qui peuvent dire que cela ne marchera pas. Si vous croyez en votre projet, même s'il sort des sentiers battus, allez au bout. Quitte à vous planter. C'est une prise de risque, mais même en cas d'échec, vous apprendrez et vous en tirerez du bon, confie Maxime Gérard avant de préciser :

Je n'aurais jamais créé Cuisines Venidom si je n'avais pas connu ce dépôt de bilan.

Ce dernier tient aussi à rassurer les futurs entrepreneurs quant à leurs compétences et parcours scolaire ou professionnel. L'entrepreneur précise ainsi : "Ce ne sont pas les diplômes qui font de vous un bon chef d'entreprise. J'ai fait deux ans de droit et cela ne m'a jamais servi au quotidien. C'est l'expérience et le terrain qui vous apprendront à faire un business plan ou à constituer une équipe."

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