Passionnée de cuisine, Nathalie Nguyen participe à la seconde saison de Master Chef, en 2011. Après être arrivée en finale, elle amorce un changement de vie en devenant consultante pour des enseignes. Elle est désormais co-fondatrice du réseau Lanta Wok. Retour sur son parcours.
Loin d'être destinée à être entrepreneure, Nathalie Nguyen a commencé sa carrière professionnelle en tant que graphiste dans une agence. Cette passionnée de cuisine avait pourtant en tête d'évoluer dans la restauration. "J'ai toujours été excessivement attirée par ce domaine. Quand j'étais petite, j'allais directement à la dernière page des albums d'Astérix et Obélix pour voir le festin", ironise-t-elle. Mais issue d'une famille vietnamienne, cette voie professionnelle n'était pas évidente pour Nathalie Nguyen. "J'ai toujours cuisiné avec ma maman, qui était cuisinière de rue au Vietnam. Quand elle a compris que c'était une passion pour moi, elle a très vite calmé mes ardeurs en me disant simplement que si elle m'apprenait à cuisinier c'était pour mon mari et mes enfants", se souvient-elle. Et cette dernière ajoute :
Traditionnellement, au Vietnam, quand on ouvre une petite bicoque de cuisine, ce n'est pas par passion mais parce que l'on n'a pas le choix.
La jeune femme s'oriente alors vers des études d'audiovisuel et devient responsable graphiste dans une agence. Parallèlement, toujours passionnée par le milieu culinaire, elle ouvre un blog. "Je m'amusais à rédiger des recettes. C'est à ce moment-là que j'ai reçu un email de la production de Master Chef", souligne Nathalie Nguyen. C'était en 2011. Elle passe alors les castings et participe à l'émission où elle parvient à se hisser en finale. "J'ai fait tout ça en secret. Mes parents l'ont appris au moment de la diffusion, à ce moment-là, ils m'ont soutenu", insiste-t-elle.
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Passer le tourbillon médiatique
Après l'enregistrement de l'émission, Nathalie Nguyen reprend son poste de graphiste. La jeune femme a 22 ans à l'époque et ne prend conscience du tourbillon médiatique que trois mois plus tard, au moment de la diffusion. "Quand j'ai participé à Master Chef, je m'étais dit que je changerais de vie uniquement si je gagnais. Pour moi, cela était réservé qu'au gagnant. Pour être honnête, je ne me suis jamais imaginée entrepreneure, explique-t-elle, avant de préciser :
Avec mon caractère et mon éducation traditionnelle, je me suis toujours considérée comme un beau porte-drapeau mais jamais comme le drapeau.
Et pourtant, la jeune femme croulera sous les propositions professionnelles dès la diffusion de l'émission. Pour se perfectionner, elle se lance dans un CAP de cuisine et pâtisserie, qu'elle fera le soir en parallèle de son activité de consulting et de chroniqueuse culinaire. "Je me suis lancée en autoentrepreneur, très classiquement. Le soir et le weekend je faisais mon apprentissage chez Frédéric Anton. L'émission met en avant des amateurs, j'avais besoin d'obtenir un bagage culinaire et technique que je ne possédais pas", souligne l'entrepreneure. Rapidement, son activité de consulting prend de l'ampleur. Elle voyage beaucoup et conseille diverses enseignes à travers le monde. "Puis je suis tombée enceinte et j'ai voulu me poser. J'ai eu l'opportunité de rejoindre l'enseigne Pitaya qui en était à ses prémices", explique-t-elle.
Gagner en confiance
Elle intègre en effet le réseau en tant que chef exécutive et directrice artistique en 2019. Pendant trois ans, elle participera à l'éclosion de Pitaya, qui a rejoint le Groupe Bertrand fin 2022. "C'était une bonne école pour moi. J'ai eu la chance de voir éclore une enseigne", confie-telle. Mais au bout de trois ans, Nathalie Nguyen quitte le réseau, à contrecœur. "Je voulais me poser et finalement je gérais en permanence des ouvertures. C'était beau mais tellement harassant", admet-elle. C'est à cette époque qu'elle se lance dans un nouveau projet, associée à Charlotte Bernard. Ensemble, elles fondent le restaurant Mother, à Boulogne-Billancourt. "On était toutes les deux mamans, le but était de prouver qu'on pouvait être mère de famille et à la tête d'un restaurant", assure Nathalie Nguyen. Et cette dernière ajoute :
En tant que femme, on rencontre forcément des freins naturels pour entreprendre car c'est nous qui tombons enceinte. Néanmoins, ce n'est pas impossible. C'est une question d'organisation.
L'entrepreneure affirme toutefois que c'est aussi grâce au soutien de son mari qu'elle a pu s'impliquer dans des projets entrepreneuriaux. "Toute seule je n'y serais jamais arrivée. Le fait d'être un vrai binôme est essentiel", confie-t-elle. Au sein du restaurant Mother, Nathalie Nguyen restera jusqu'à fin 2022. Une expérience qui lui a permis de gagner en confiance et en posture entrepreneuriale. "Le fait d'être à la tête d'une brigade de cuisine m'a clairement fait changer de posture. Quand les gens comptent sur vous, forcément cela vous porte", insiste-t-elle.
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Coup de cœur mutuel
C'est par un ami commun que la jeune femme rencontre Nessim Kouachi en 2020, à l'origine du concept Lanta Wok. L'ancien candidat de la 14e saison de Koh Lanta avait monté son premier restaurant à Bagneux et souhaitait se développer en franchise. "On s'est rencontré et cela a tout de suite matché. On a un parcours de vie assez similaire et nous sommes tous les deux très ouverts aux autres. Clairement, nous avons eu un vrai coup de cœur mutuel", se souvient Nathalie Nguyen. Ensemble, ils s'associent à quatre autres associés afin de donner une autre dimension à l'enseigne. La franchise reste d'ailleurs le moyen privilégié par Lanta Wok pour se développer. "J'avais vraiment envie de repartir dans ce domaine d'activité. La franchise, une fois qu'on y a goûté, on ne la quitte plus !", souligne l'entrepreneure. Et cette dernière affirme :
Le quotidien dans un restaurant c'est sympa et confortable. Mais je souhaitais véritablement relever de nouveaux challenges.
Pendant deux ans, Nathalie Nguyen fera cohabiter ses fonctions de co-fondatrice et directrice générale de Lanta Wok à celle de cheffe de cuisine du restaurant Mother. Finalement, en décembre dernier, elle revend ses parts. "Mettre fin à une association reste toujours douloureux. Mais cela veut dire que l'histoire était belle aussi", explique Nathalie Nguyen. Depuis quelques mois donc, la chef d'entreprise se consacre à quasi 100 % au projet Lanta Wok, tout en conservant sesactivités de consulting. Pour la jeune femme, entreprendre avec des associés était une dimension importante pour cette nouvelle aventure professionnelle. "L'entrepreneuriat ce n'est pas dans mon ADN mais j'ai tout de même l'impression qu'une force intérieure me pousse à créer et développer des projets. Ce que j'apprécie dans l'aventure Lanta Wok reste le fait d'entreprendre en équipe", insiste-t-elle, avant de souligner :
Le consulting, j'ai adoré mais je n'avais personne avec qui débriefer et échanger mes idées. J'ai besoin de cet esprit d'équipe.
Quid de l'aura médiatique ?
Pour faire connaître Lanta Wok, Nathalie Nguyen et Nessim Kouachi se reposent sur leurs personnalités médiatiques. Pour les deux associés, la question de mettre en retrait cet aspect s'est clairement posée. "On s'est interrogé sur la pertinence de nous mettre en avant. Au final, on pense que c'est une vraie force et on est la seule franchise à pouvoir jouer dessus. On voulait réellement personnifier notre marque", insiste Nathalie Nguyen. Elle ajoute :
Pour les candidats, c'est rassurant. C'est un point ultra positif qui peut toutefois devenir un désavantage. Car nous ne devons pas décevoir.
À date, l'enseigne Lanta Wok compte deux points de vente : un dédié au take away à Paris, tenu par un franchisé, et celui de Nessim Kouachi situé à Bagneux. "Nous l'avons intégré comme une franchise dans la structure de l'enseigne. Un premier point de vente en propre va voir le jour dans les semaines à venir à Villejuif", détaille la directrice générale. Dans les prochains mois, l'enseigne devrait voir éclore plusieurs autres restaurants pour atteindre une vingtaine d'unités d'ici la fin de l'année. "Nous avons un potentiel énorme. Nous avons la chance d'être sur un marché encore peu exploité, celui du wok sur-mesure. C'est notre axe de différentiation et cela permet de répondre à la demande des clients qui est de plus en plus exigeante et surtout compliquée, avec les différents régimes alimentaires", affirme Nathalie Nguyen.
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Une remise en question permanente
En un peu plus de dix ans, l'entrepreneure s'est donc reconvertie et est passée de chef consultante à franchiseur. Quand on l'interroge sur ce parcours sans accroc et inattendu, elle admet : "J'avais ce que l'on appelle le syndrome de l'imposteur. J'en ai même pas mal souffert. Au début, je n'ai pas compris ce qu'il m'arrivait. Mais j'ai appris à apprivoiser ce sentiment et à en faire une force", souligne Nathalie Nguyen. Son secret ? Se remettre en permanence en question et surtout ne pas avoir honte de ses limites. "N'ayez pas peur de dire à vos collaborateurs ou associés que vous ne savez pas ! Au contraire. Personne ne peut arriver et être entrepreneur en sachant déjà tout. Ce n'est pas vrai et c'est surtout se mentir. Connaître ses faiblesses reste une force incroyable et je chérie les miennes, car je sais que c'est grâce à elles que je vais apprendre de nouvelles choses", affirme-t-elle. Et Nathalie Nguyen affirme :
Je considère la vie d'entrepreneur comme un jeu vidéo. Je suis arrivée au niveau zéro et je gagne de l'expérience en franchissant des étapes.
L'entrepreneure est également consciente de ses axes d'amélioration. Quand on lui demande quel est son principal défaut en tant qu'entrepreneure, elle confie sans détours avoir du mal à déléguer. "C'est mon gros défaut. Mais j'y travaille au quotidien. Je vais avoir tendance à vouloir tout faire", concède-t-elle. Et elle assure qu'une de ses grandes erreurs fut d'avoir accepté trop de projets en même temps. "J'avais sûrement peur du lendemain. Je n'ai pas pris le temps de me poser et je pensais que je pouvais tout gérer", affirme l'entrepreneure. Et celle qui s'est lancée dans l'entrepreneuriat à l'âge de 22 ans conseille aux jeunes porteurs de projet de se passer le cap, sans craintes. "Être jeune n'est pas une faiblesse, au contraire. Vous pouvez vous permettre de faire des erreurs que vous ne pourriez pas commettre plus tard. N'ayez pas peur de prendre des risques", conclut-elle.
Vous voulez en connaître davantage sur le parcours de Nathalie Nguyen ? Venez assister à sa prise de parole à Franchise Expo Paris, prévue le 19 mars à 10h30. Pour commander votre badge, c'est ici.
