Les immatriculations de voitures neuves n’en finissent plus de subir le contrecoup de la Covid-19. Qu’importent les vents contraires, le marché de l’automobile n’est pas à court d’idées pour rebondir et réussir sa mutation.
-7,8%. C’est la baisse du nombre de vente de voitures particulières neuves (1,52 million), enregistrée par le Comité des Constructeurs Français d'Automobiles, même si le début d’année s’est engagé sur une progression encourageante. Le contrecoup de la Covid-19 a été durement ressenti par le marché automobile, revenu en 2020, pour ses ventes de véhicules neufs, à son niveau de… 1975 ! Pénurie de puces électroniques et de chauffeurs routiers (pour les livraisons), hausse sensible des prix (+8,6 % dans le neuf en 2022), vieillissement aggravé du parc automobile français… Les consommateurs ont dû adopter de nouveaux comportements.
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D’autant plus que l’évolution de la motorisation, avec l’interdiction à la vente de moteurs thermiques (essence, diesel) en 2035, s’est également accélérée. Même si l’équipement en bornes électriques demeure en retard (82 000 bornes publiques fin 2022, pour un million de véhicules électriques et hybrides), la France semble remonter la pente grâce aux aménageurs privés. "En 2015, près de 70 % des véhicules achetés fonctionnaient au diesel, environ 30 % à l’essence, et seul 2 % étaient électriques. Aujourd’hui, le diesel est tombé sous les 30 %, tandis que les véhicules électriques et hybrides représentent désormais 22% des ventes. De même, plus du tiers du parc automobile est classé Crit’air 3, ce qui représente plus de deux millions de véhicules rien qu’en région parisienne", rappelle Jean-Pierre Barnier, directeur du business développement et de l'international au sein du réseau Speedy (300 franchises et 200 succursales en France). Et ce dernier ajoute :
Tous ne seront plus autorisés à circuler dans la zone à faibles émissions mobilité (ZFE-m) à partir du 1er janvier 2025.
D’ici 2025, les 43 agglomérations de plus de 150 000 habitants devront en effet avoir instauré une ZFE-m. "Nous avons également observé une baisse du kilométrage effectué par véhicule réparé dans nos centres, d’environ 3 000 kilomètres par an. Ce qui impose moins de révisions ou d’opérations de réparation, même si le parc automobile augmente, et amène un resserrement de nos marges", précise Jean-Pierre Barnier.
Jean-Pierre Barnier (Speedy) : "La location-gérance, pour réduire de deux-tiers son apport personnel"
"Le concept Speedy exige des compétences de manager et de gestionnaire. Nous privilégions des savoir-être, nous nous occupons des savoir-faire, en particulier la technique, qui peut aussi venir des équipes du franchisé. Notamment à travers la formation de 3 500 stagiaires mécaniciens par an en moyenne. En trente ans, nous sommes passés de 100 % de traitement de pot d’échappement - moins de 1 % du chiffre d’affaires, aujourd’hui - à l’intervention sur la maintenance électrique, et bientôt sur la haute tension. Nous disposons du seul centre de formation agréé en dehors des réseaux des constructeurs. L’apport personnel varie de 50 000 euros dans une ville moyenne de province à 100 000 euros en région parisienne, pouvant être réduit de deux-tiers en location-gérance au sein d’une station-service, grâce à nos partenariats avec les réseaux Total Energie, ENI et BP."
Electrique : pouvoir se lancer sans réseau de concession
Prenant cette crise comme une opportunité, certaines enseignes de franchise ont choisi de se réinventer, parfois en s’appuyant sur des groupes plus importants et en bénéficiant ainsi de leurs services. Comme Speedy, adossé à Bridgestone depuis 2016. "Nous cherchons à anticiper les mutations, en particulier les nouveautés technologiques ou réglementaires, pour proposer à nos franchisés et clients la vision la plus rassurante possible. Par exemple, l’arrivée de l’électrique casse les règles, générant des alliances stratégiques. Nous serons ainsi, dans le cadre d’un contrat mondial avec Bridgestone, le support après-vente d’une nouvelle marque, Fisker, qui lance en début d’année son SUV électrique. Ce fabricant automobile gagne ainsi l’énorme coût de construction d’un réseau de vente sur notre territoire national, où il est inconnu", affirme Jean-Pierre Barnier, avant de préciser :
Nous nous positionnons également sur l’entretien des deux-roues, ainsi que sur le montage de boitier bio-éthanol dont nous visons un quart des parts de marché en France.
Cyrille Laborde (Ucar) : "Montrer de l’engagement et de l’énergie"
"Nous recherchons des commerçants, des hommes et femmes de service pour conseiller et fidéliser le client, montrant de l’engagement et de l’énergie. Ces candidats doivent être des opérationnels, ou s’ils sont investisseurs, ils prendront part au lancement de l’agence. Notre activité peut être complémentaire pour des professionnels de l’automobile - concessionnaires, garages, carrosseries, remplacement de pare-brise, stations-services...-, voire de la grande distribution. Un apport de 100 000 euros est recommandé pour une activité principale, et simplement un K-bis et un bilan pour une activité complémentaire. Nos franchisés bénéficient d’une formation d’un mois, d’une plate-forme digitale pour piloter leur activité, d’une centrale d’achats – véhicules, assurances, etc. - et d’un apport d’affaires de l’enseigne correspondant en moyenne à 30% de leur chiffre."
La propriété de l’automobile disparaît au profit du service réel
Même adaptation face à un marché automobile en pleine transformation pour Ucar, franchise créée en 1999. À l’origine positionné sur la location courte durée low-cost, l’enseigne est convaincue que la propriété est la pire manière de consommer l’automobile. Dès 2018, Ucar s’est orienté vers le digital et le partage de véhicules entre particuliers. En mai dernier, elle a fusionné avec Cosmobilis, holding créée par By My Car, principal distributeur de véhicules français. "Coûteuse, liée aux nouvelles technologies - hybride et électrique - mais également au fonctionnement - stationnement ou assurance - l’automobile doit demeurer synonyme de liberté, de confort et de sécurité. Il faut modifier son cycle de vie et son utilisation. Aujourd’hui, sa propriété disparaît au profit du service réel, incluant toutes solutions de mobilités pour particuliers et entreprises, notamment avec des concessionnaires disposant de moins de véhicules et de marges moindres", souligne Cyrille Laborde, directeur du développement d'Ucar (450 agences au compteur). Et l'enseigne propose depuis quelques semaines une nouvelle expérience baptisée "automobilité", de la minute à l'année, avec ou sans chauffeur, cette offre s'adapte aux besoins des consommateurs. "Un particulier peut également mettre en pension son véhicule dans une agence Ucar. De même, un client, que nous considérons comme notre étoile polaire, peut choisir un abonnement et changer régulièrement de véhicules", insiste Cyrille Laborde, avant de souligner :
Notre objectif est de rendre l’automobilité accessible au plus grand nombre et de simplifier le parcours client.
Yoni Dayan (Simplicicar) : "Passion pour l’automobile demandée, du très jeune au retraité"
Notre concept possède un budget d’ouverture faible pour le secteur, avec un apport de 30 000 euros, en raison de l’absence de stock et de notre système de mandat de vente ne nous imposant pas d’acheter le véhicule pour pouvoir le revendre par la suite. Nous demandons une passion pour l’automobile, du très jeune au retraité, y compris des femmes. Nous aimons les profils de commerciaux, à l’aise dans le porte-à-porte, avec des compétences de gestion et de marketing, notamment pour communiquer sur le Web."
Le marché de l'occasion en vogue ?
En 2021, les véhicules d’occasion ont effet connu une année record, avec 6 millions de ventes (selon NGC-Data®), avant de connaître une baisse de 13 % l’an dernier, avec tout de même 5,25 millions de vente. Une volumétrie basse qui n'avait plus été constatée depuis 13 ans. Logiquement, durant les confinements, plusieurs éléments ont porté le marché de l’occasion. "Déjà, les consommateurs ont eu le temps d’aller sur Internet, pour constater les prix pratiqués, notamment sur les beaux véhicules. D’autre part, l’impossibilité de se rendre à l’étranger pour les vacances les ont parfois amené à changer de voiture. Enfin, le manque de pièces détachées, plus fabriquées ou dont les coûts avaient explosé, ont provoqué des difficultés pour les constructeurs à livrer le client", analyse Yoni Dayan, président-fondateur de Simplicicar.
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L'enseigne, positionnée sur de l'intermédiation entre particuliers et dont le concept est largement axé sur les véhicules premium, répond à un besoin des consommateurs selon son fondateur. "Nous gérons la vente de A à Z : annonce, entretien mécanique, carrosserie, financement, extension de garanties… C’est-à-dire tous les services d’une concession, sans les ennuis parfois générés par la vente de particulier à particulier, comme le paiement ou le vol", insiste Yoni Dayan. Et l'enseigne propose également une offre longue durée, appelée simplicilease, Une diversification qui va s'étendre aux véhicules électriques. Yoni Dayan explique ainsi :
Nous serons bientôt en deal avec une marque asiatique pour distribuer leurs véhicules électriques, un seul modèle étant proposé contre une dizaine comme c’est généralement le cas avec l’essence et le diesel
Jean-Christophe Rogez (Eléphant Bleu) : "Une moitié d’investisseurs purs"
"Notre métier s’adresse à un large profil d’investisseurs qui veulent entreprendre et disposer de moyens pour se développer. Rachat de stations Eléphant Bleu existantes ou création de nouvelles : les points d’entrée sont multiples pour rejoindre le réseau. Pour cela, il faut compter 400 à 900 000 euros d’investissement, hors terrain, dont un tiers d’apport personnel. Nous accompagnons le franchisé tout au long de son projet, du montage financier au service après-vente. Une fois le franchisé installé, nous travaillons sur sa rentabilité au quotidien, en optimisant la gestion des centres et en développant les services aux clients."
Dépollution et économie d’eau pour le lavage automobile
En 2022, année la plus chaude jamais enregistrée dans notre pays selon Météo-France, la sécheresse a été sans précédent durant l’été. D’où une sensibilisation plus forte des acteurs de l'automobile pour un lavage plus intelligent du véhicule. "3 à 5 fois plus d’eau est utilisée lors d’un lavage à domicile, sans que soient pour autant captés les 350 grammes, en moyenne, de polluants. Les stations Éléphant Bleu les retraitent et valorisent, en particulier les métaux lourds issus de poussières de frein, d’hydrocarbures… 95 % de l’eau est dépolluée et renvoyée dans le réseau", souligne Jean-Christophe Rogez, responsable du réseau de franchises Elephant Bleu (400 franchisés et 50 succursales). Et ce dernier conclut :
Nous utilisons des savons 100% biodégradables et travaillons en R&D pour développer au maximum notre sobriété énergétique.
Sans nul doute, les défis sont nombreux pour le marché de l'automobile mais les opportunités sont là pour les futurs porteurs de projet !