La Fédération du commerce coopératif et associé (FCA) a dévoilé les performances économiques de son marché pour l'année 2022. Ce modèle de commerce résiste à la conjoncture et affiche une croissance de son chiffre d'affaires. Explications avec Olivier Urrutia, délégué général de la FCA.
Qu'entend-on aujourd'hui par commerce coopératif ?
Il faut avant tout noter que le commerce coopératif reste la plus ancienne forme de commerce organisé en France puisque son émergence remonte à la moitié du 19e siècle. En plus de cet historique, le commerce coopératif est une forme de commerce très particulière, reposant sur un principe simple : l'enseigne appartient à l'ensemble de ses adhérents ou associés. Les commerçants décident donc de se réunir et de mutualiser leurs ressources pour être plus forts tous ensemble. Dans une coopérative, les adhérents prennent part au capital. De fait, dans notre fédération, nous n'avons pas de réseaux de franchise. En revanche, il arrive parfois que des coopératives se développent, à la marge, via la franchise.
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Aujourd'hui, combien de réseaux la FCA représente-t-elle ? Et quels sont les chiffres à retenir concernant les performances du marché en 2022 ?
Nous représentons 67 groupements adhérents, pour 180 enseignes. L'information à retenir d'emblée reste que le chiffre d'affaires cumulé des adhérents a atteint, en 2022, 176,5 milliards d'euros, soit une croissance exceptionnelle de 8,3 %. Une croissance que l'on attribue à trois facteurs. Le premier est conjoncturel et lié à l'inflation. Le second est corrélé à la période Covid. Certains secteurs avaient été fortement pénalisés par la crise sanitaire et ont connu un rebond extrêmement fort en 2022. C'est le cas notamment des marchés de l'hôtellerie et du sport, qui affichent des croissances à deux chiffres. Enfin, le troisième facteur est lié au développement du commerce coopératif et associé en tant que tel et on a pu le constater par la reprise récente de certains réseaux (Go Sport par Intersport, La Grande Récré par JouéClub, La Cervoiserie par C10, magasins Casino par le groupement Intermarché, etc.). Cela démontre que les enseignes du commerce coopératif et associé sont passées à l'offensive en se développant et en gagnant des parts de marché, ce qui est un fait assez récent. Si pendant très longtemps, les acteurs du commerce coopératif et associé étaient davantage dans la défense de leurs parts de marché, ils entendent désormais se développer.
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Compte tenu du contexte inflationniste, comment percevez-vous le marché ? Êtes-vous serein pour les mois à venir ?
De manière générale, nous ne sommes pas inquiets pour les enseignes. Car elles sont assez solides et accompagnent leurs adhérents de manière efficace sur le terrain. Face aux difficultés, elles déploient des moyens financiers et humains pour passer ces périodes difficiles. En revanche, pour les chefs d'entreprise indépendants, je suis un peu plus inquiet. Il y a eu une succession de crises interminables dont chacune pèse sur les commerçants indépendants. Ces dernières semaines, la question des loyers commerciaux était prégnante. Nous avons porté, avec d'autres fédérations, la demande de prolongation du plafonnement des loyers commerciaux. Nous sommes heureux d'avoir été écoutés, même si le dispositif n'a toujours pas été étendu aux ETI. Cela reste un sujet préoccupant, les points de vente indépendants, largement impactés par la situation actuelle, ne peuvent être continuellement menacés de hausses de loyers.
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Comment percevez-vous l'activité pour l'année 2023 ? Anticipez-vous une baisse des performances ?
On remarque que certains marchés sont à la peine depuis quelques mois. C'est le cas de l'immobilier. Ce n'est pas catastrophique mais c'est conjoncturel. Les difficultés remarquées en 2022 s'intensifient cette année. L'alimentaire se porte bien même si le marché est très impacté par l'inflation. Enfin, le secteur de la parapharmacie et de la beauté performe plutôt bien. Malgré des difficultés non négligeables sur l'ensemble des marchés, nous n'anticipons pas de baisse de CA sur 2023. Malgré son niveau élevé, l'inflation semble se stabiliser. Les récents rachats d'enseignes que nous avons évoqués nous laisse auguré plutôt une croissance du commerce coopératif et associé, tant en matière de créations d'emplois qu'en chiffre d'affaires.