Tombé dans l'entrepreneuriat dès l'âge de 16 ans, Oussama Abbou a dû faire preuve de résilience et de ténacité. Aujourd'hui à la tête de Smart Prospective, une entreprise spécialisée dans les solutions d'affichage digital, il revient sur son expérience et les conseils à délivrer aux futurs porteurs de projet.
L'entrepreneuriat, Oussama Abbou est tombé dedans très jeune. Dès l'âge de 16 ans, il créé sa première entreprise. À l'époque, il vit encore au Maroc. "Ma famille avait perdu tout ce qu'elle avait. J'avais envie de rebondir et surtout besoin d'argent pour financer mes études. Mon père était entrepreneur et est tombé malade. J'étais scolarisé au Lycée Français, qui coûtait très cher", se souvient l'entrepreneur, avant de souligner :
Et quand vous grandissez au Maroc en parlant majoritairement le français, c'est compliqué de changer d'établissement. À l'époque, je suis devenu entrepreneur par nécessité.
Le jeune homme se lance donc dans l'aventure en 2010 et crée une entreprise dédiée aux constructions écologiques. Très vite, son jeune âge et le marché de son entreprise captent l'intérêt des médias locaux. "Un reportage m'a été consacré au JT de la deuxième chaîne nationale du Maroc. Cela a été un gros coup de publicité pour moi. Une radio m'a aussi démarché pour me proposer une chronique, chaque semaine. Cela a été une vraie chance car j'ai développé beaucoup de contacts utiles à mon entreprise", explique Oussama Abbou.
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Faire ses preuves
Finalement, cette première expérience entrepreneuriale lui permettra de subvenir aux besoins de sa famille et d'économiser pour venir faire ses études dans l'Hexagone. "C'était un vrai tremplin pour moi. Je voyais cette première aventure entrepreneuriale comme le moyen d'arriver en France", explique-t-il. En 2013, il intègre un IUT puis une école de commerce. Là-bas, il rencontrera ses futurs associés et créera Smart Prospective, aujourd'hui dédiée dans les solutions d'affichage digital. "C'était un vrai défi pour nous. Au départ, notre volonté était de pouvoir collecter les données des personnes s'arrêtant devant les écrans d'affichage pour pousser du contenu personnalisé", souligne-t-il avant de préciser :
On s'est rapidement rendu compte que notre idée de départ n'était pas viable. Et que les clients cherchaient avant tout un système pour gérer n'importe quel écran à distance.
En parallèle de leurs études, Oussama Abbou et ses associés affinent donc leur business model. Au départ, 5 associés s'étaient lancés dans l'aventure. "Aujourd'hui, nous ne sommes plus que deux. Face à la difficulté, certains ont quitté le navire pour voguer vers d'autres projets", souligne l'entrepreneur. Ce projet entrepreneurial, Oussama Abbou et son associé s'y pencheront pendant trois ans avant de pouvoir commencer à démarcher les clients.
Durant cette période, nous continuions de travailler pour investir dans notre entreprise.
Pour le jeune homme, la route a été longue. Dénicher les premiers clients a pris du temps et a demandé une certaine résilience. "On a lancé notre boîte avec 35 euros en poche. Commencer sans argent c'est difficile", insiste-t-il. Oussama Abbou explique qu'il a fallu convaincre les entreprises de le suivre dans son projet, ce qui n'a pas été simple, du fait de ses origines. "Il peut y avoir une certaine présomption. Par défaut, on ne vous fait pas confiance et on pense que vous êtes un escroc. On doit prouver encore plus ce dont on est capable", estime l'entrepreneur.
Tripler le chiffre d'affaires
Si convaincre les premiers clients a pris du temps, aujourd'hui Smart Prospective est un succès. L'entreprise, qui a fait de l'affichage digital son cœur de métier, a réalisé l'année dernière un chiffre d'affaires de 3 millions d'euros. "Notre perspective est tripler le CA. Nous étudions également la diversification de nouveaux business mais nous avons, d'abord, un vrai travail de consolidation à mener", affirme Oussama Abbou. Car si aujourd'hui entrepreneuriat rime avec succès pour le jeune homme, il admet avoir fait des erreurs, tant en matière de stratégie que de recrutement. "Souvent, on se prend des claques phénoménales. Mais je pense que, dans l'entrepreneuriat, certaines erreurs sont nécessaires pour avancer. Aujourd'hui, clairement, je ne les referais pas toutes. Mais c'est toujours plus simple de le dire après-coup, une fois que l'on a pris du recul", confie Oussama Abbou, avant de nuancer :
Ce que je ferais différemment ? Je réfléchirais plus longuement avant de recruter et je me comporterais autrement avec mes salariés, en étant moins dans l'amitié ou l'affect.
Aux porteurs de projet, Oussama Abbou conseille aussi de ne pas se concentrer sur le produit ou service vendu. "C'est une erreur que nous avons faite. J'en suis désormais intimement convaincu : toute entreprise doit se focaliser sur le besoin des clients. Et pour cela, il faut parfois accepter de perdre de l'argent", confie-t-il.
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Caractère d'entrepreneur
Et le jeune homme l'assure : tout le monde n'est pas fait pour devenir entrepreneur. "L'entrepreneuriat, c'est très anxiogène et c'est parfois très dur. Vous pensez constamment à votre trésorerie. Tout le monde n'est pas capable de supporter cette incertitude", affirme-t-il. Pourtant, quand on l'interroge sur sa volonté d'entreprendre, Oussama Abbou affirme qu'il a toujours su qu'il se lancerait un jour. "C'est mon analyse aujourd'hui", admet-il, avant de préciser :
Je n'en avais pas conscience à l'époque. Mais j'ai ce caractère d'entrepreneur. Je suis en éternel mouvement et recherche toujours les raccourcis pour parvenir à mes fins.
Un défaut mais aussi une force selon le jeune homme. Pour le canaliser, il compte sur son équipe qui, contrairement à lui, est très organisée. "J'ai besoin de créer en permanence. Ils me laissent chercher et consolident ce qui fonctionne. C'est une vraie chance", estime Oussama Abbou avant de conclure : "L'entrepreneuriat c'est une expérience incroyable qui mérite d'être tentée. C'est aussi jouissif que difficile."
