Quitter son poste de salarié : pourquoi ne pas entreprendre ?

Camille Boulate

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Quitter son poste de salarié : pourquoi ne pas entreprendre ?

En proie à une quête de sens dans leur travail, de plus en plus de salariés se posent la question d'amorcer une transition professionnelle. Avec près de 520 000 démissions enregistrées par trimestre depuis fin 2021, selon la Dares, le "Big Quit" ne serait pas bien loin. Mais une fois la décision prise, vers quoi s'orienter ? L'entrepreneuriat semble être une bonne option pour une partie de ces démissionnaires. Voici quelques conseils avant de passer le cap ! 

Place à une nouvelle année ! Le temps des résolutions est donc venu. Il y a fort à parier que de nombreux salariés se poseront la question d'une reconversion professionnelle. Les études se succèdent et toutes pointent le même constat : les Français sont en quête de sens dans leur travail. Des aspirations qui ont été clairement boostées par la crise sanitaire et qui poussent les salariés à s'interroger sur leur future vie professionnelle. Mais pour quoi faire ? L'entrepreneuriat apparaît pour de nombreux ex-salariés comme une option à ne pas négliger. Si vous faites partie des conquis, avant de vous lancer dans le grand bain, soyez conscient de ce qui vous attend. "Le salarié va opérer une métamorphose puisqu'il va passer d'un statut où il s'appuie sur une structure vers un métier d'entrepreneur où il va se retrouver seul, explique Yves Mboda, entrepreneur et co-auteur du livre Du salariat à l'entrepreneuriat paru chez Dunod. Et ce dernier d'ajouter :

En tant qu'entrepreneur, vous allez prendre des décisions stratégiques et devrez assumer tous les risques.

Un rôle qu'il faut donc être prêt à assumer et qui n'est peut-être fait pour vous. Il est donc très important de vous interroger en amont avant d'acter votre choix de quitter votre statut de salarié pour devenir entrepreneur. Interrogez-vous clairement sur vos motivations initiales. "Est-ce que vous voulez être votre propre patron, est-ce que vous voulez gagnez plus d'argent ou êtes-vous simplement en quête d'épanouissement personnel, questionne Yves Mboda. Il faut être capable de mesurer le niveau de risque que vous êtes prêt à prendre et avoir en tête, qu'au départ, un entrepreneur ne gagne pas beaucoup d'argent."

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L'entrepreneuriat pour tous, vraiment ?

Une fois que vous aurez répondu clairement à toutes ces interrogations, vous pourrez jauger votre capacité à vous investir dans un projet entrepreneurial. Et prendre la décision de vous lancer ou non. "Je suis convaincu que tout le monde ne peut pas être entrepreneur, insiste de son côté Sylvain Bartolomeu, dirigeant associé du cabinet Franchise Management. Certains pensent que c'est simple. Mais il faut avoir un bon mental, une forte capacité de résilience et d'automotivation." Plonger dans le bain de l'entrepreneuriat est une chose, avoir la bonne idée en est une autre. Et c'est d'ailleurs l'un des enjeux de tout entrepreneur : lancer le bon concept, le bon produit ou le bon service au bon moment. Yves Mboda conseille ainsi :

Les sources d'idées sont multiples. Mais l'idée en elle-même ne suffit pas. Ce qui compte c'est votre capacité à l'exécuter.

Ainsi, l'entrepreneur assure qu'il ne faut pas trainer à mettre votre produit ou votre service dans les mains du client. Cela vous permettra d'ajuster votre projet. "En fonction des retours, vous accélérerez, pivoterez ou arrêterez. Faites un business plan pour avoir un carnet de route mais ayez en tête que cela doit rester agile", souligne-t-il.

Laurent Pallard (Cuisines Venidom) : "Je ne me suis jamais dit 'un jour, je serai entrepreneur'"

Après 10 ans passés en tant que salarié dans le commerce, Laurent Pallard a eu des envies d'indépendance. "Je voulais être autonome et surtout ne plus être en magasin", confie-t-il. Ce dernier s'oriente vers la franchise pour bénéficier d'un concept éprouvé ainsi que d'un accompagnement à un nouveau métier. "J'ai ainsi rejoint Réparstores en 2016. Le fait de me rendre directement chez les clients me plaisait, cela apporte de la convivialité", explique Laurent Pallard. Il est contraint de quitter le réseau début 2022, au terme de son contrat de franchise. "Je me suis blessé au pied et je n'ai pas récupéré toute ma mobilité et, du fait de son concept, Réparstores est un métier nécessitant d'être souvent sur un escabeau", détaille-t-il. Il s'oriente alors vers un nouveau concept itinérant, Cuisines Venidom, et devient franchisé au printemps 2022. "C'est un concept qui permet de se différencier sur un marché porteur et surtout qui mise sur la proximité", insiste Laurent Pallard. Et sur son parcours, le chef d'entreprise confie : "Je ne me suis jamais dit 'je serai entrepreneur'. Mais j'avais vraiment envie de voler mes propres ailes. J'avais la maturité et mon expérience de manager mais aussi de gérant de magasin a été un plus." Et Laurent Pallard conseille aux futurs porteurs de projet : "Prenez bien le temps de réfléchir et constituez-vous un apport personnel. Croire en son projet est évidemment essentiel. Et si vous visez la franchise, comparez les enseignes et échangez avec les franchisés. C'est très important et cela permet d'éviter de mauvaises surprises", conclut-il. 

La passion ou la raison ?

Bien choisir votre futur secteur d'activité est aussi une étape essentielle. En tant que salarié, une question peut cependant émerger : faut-il faire de votre passion votre futur métier ? Ou est-ce davantage pertinent de viser un marché porteur mais qui, sur le papier, vous séduit moins ? "Ayez  de l'appétence pour le métier, c'est important. Mais la passion n'est pas nécessaire. Il faut que vous soyez convaincu de faire quelque chose de bien pour les clients, souligne Sylvain Bartolomeu, avant d'ajouter :

La passion déraisonnée ne marche pas forcément. La clé dans l'entrepreneuriat reste la lucidité. Il faut être un optimiste et un passionné lucide. L'excès n'est jamais bon pour un entrepreneur.

Un avis partagé par Simon Murat, à la tête du magasin de jeux de société Le Passe Temps à Toulouse. Ce dernier a repris l'entreprise de son patron en 2021, et assure qu'il ne suffit pas d'aimer les jeux de société pour ouvrir une boutique et se lancer dans l'entrepreneuriat. Il confie ainsi :

Gérer un magasin ce n'est pas aimer les jeux ! Je vois beaucoup de passionnés se lancer dans une boutique en ayant un manque cruel de connaissance du secteur. Pour y arriver, il faut connaître le sujet, comprendre le marché et être organisé.

De son côté, Yves Mbodia assure que la passion ne suffit pas à modeler un projet entrepreneurial. Au contraire, elle peut rendre votre projet plus risqué. "Il faut être rationnel. L'entrepreneuriat, ce n'est pas que de la passion. Si vous vous lancez mais que toutes les planètes ne sont pas alignées (pas d'apport, pas de soutien de l'entourage, etc.), vous n'y arrivez sûrement pas", insiste l'entrepreneur.

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Consacrez du temps au projet

Autre écueil dans lequel vous pourriez tomber : commencez votre projet entrepreneurial avant d'avoir quitté votre poste de salarié. Cela peut être en effet tentant de mener le projet en parallèle de votre travail, mais ce n'est pas une bonne option. Bien entendu, vous pouvez amorcer les démarches, commencez à étudier de près les opportunités et le marché que vous visez. Mais ayez en tête que l'entrepreneuriat demande du temps… et de l'investissement humain. "Entreprendre ne se fait pas à mi-temps. Avoir un pied dans l'eau et un pied au sec, cela ne marche pas, insiste Sylvain Bartolomeu, avant de renchérir :

Quand on entreprend, on plonge, on y va et on assume. C'est compliqué d'entreprendre avec très peu de prise de risque et beaucoup de sécurité autour de soi.

D'où la nécessité pour vous, futur porteur de projet d'avoir un entourage et un environnement personnel stable. "En tant qu'entrepreneur, vous devez vous investir à 200 % dans votre projet. Vous avez également une charge mentale que vous n'aviez pas en tant que salarié, les périodes de break où vous ne penserez pas à votre chiffre d'affaires sont rares et donc précieuses", avertit Sylvain Bartolomeu.

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Considérez la franchise !

Si vous êtes certain que l'entrepreneuriat est fait pour vous mais que vous n'avez pas forcément l'idée du siècle et avez besoin d'un cadre, étudiez le modèle de la franchise. Les chiffres le montrent : intégrer une franchise est une façon rassurante d'entreprendre pour les salariés. D'après la 18e enquête de la Banque Populaire, réalisée avec la Fédération française de la franchise, 76 % des franchisés sont d'anciens salariés. "On peut entreprendre en franchise quand on n'a pas d'idée mais surtout parce que l'on veut vivre une aventure différente et collective, soutient Sylvain Bartolomeu. Les bons franchisés sont de très bons entrepreneurs qui aiment et qui sont convaincus du collectif." Même avis pour Yves Mbodia, pour qui la franchise est une option multipliant des chances de réussite.

L'ancien salarié y retrouve un peu ce qu'il a connu dans son ancienne vie : un cadre et un support sur lequel se reposer.

Mais que cela soit en franchise ou en tant qu'entrepreneur isolé, ayez en tête que l'entrepreneuriat ne doit pas être une solution de secours. "On ne devient pas entrepreneur par dépit. Un projet entrepreneurial se construit. On n'y va clairement pas par hasard", conclut Sylvain Bartolomeu.

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