Raibed et Fatia Tahri (Pap et Pille) : "L'audace, un fabuleux moyen pour se démarquer en tant qu'entrepreneur !"

Camille Boulate
Raibed et Fatia Tahri (Pap et Pille) :

Loin d'être destinés à entreprendre, Raibed et Fatia Tahri se sont lancés en 2019 en créant leur marque de biscuits Pap et Pille. Pour parvenir à concrétiser leur projet entrepreneurial, le couple a dû faire preuve d'audace et de ténacité. Portrait. 

Audace et prise de risque sont deux mots résumant parfaitement le parcours de Raibed et Fatia Tahri. Ensemble, ils créent Pap et Pille en 2019. Quatre ans plus tard et après un passage dans l'émission Qui veut être mon associé ?, le couple connaît le succès avec sa marque de biscuits en forme de billes désormais distribuée en épicerie fine et dans les grande enseignes alimentaires. Mais avant de parvenir à cette réussite entrepreneuriale, les deux associés ont dû s'accrocher, être résilients et surtout faire preuve d'audace. "Nous n'étions pas destinés à devenir entrepreneur. L'idée nous est venue après notre tour du monde", se rappelle Raibed Tahri. En effet, pendant quatre ans, le couple sillonne la planète. Pour ces passionnés de cuisine et de pâtisserie, l'expérience sera l'occasion de multiplier les rencontres et de découvrir de nouvelles recettes. L'entrepreneur explique :

À notre retour en France, ma femme tombe enceinte de notre premier enfant et fait découvrir à nos proches les différentes recettes découvertes lors de nos voyages.

Et Raibed Tahri ajoute : "L'un d'eux nous met au défi de réaliser le dessert pour un mariage. Ce que l'on accepte." Le couple a alors l'idée de proposer ses différentes recettes de biscuits en forme de boule. "L'engouement était tel que l'on s'est dit : 'il y a un truc à faire !'", se souvient Raibed Tahri.

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Prise de risque

Les deux infirmiers, originaires d'Annecy, se lancent alors dans l'aventure en parallèle de leur emploi. "Nous n'étions pas issus d'une famille d'entrepreneurs, on n'y connaissait vraiment rien. On découvre alors ce qu'est un business plan, une première épreuve pour nous", confie Raibed Tahri. Le couple confectionne, à l'époque, l'ensemble de ses biscuits à la main et se met en quête d'un sous-traitant pour pouvoir produire à grande échelle. "Mais malgré un processus de fabrication clair, on se rend compte que personne ne sait faire et que l'on doit créer nos propres lignes de production", insiste Raibed Tahri. Les deux associés démarchent les banques pour concrétiser leur projet. "Mais personne n'y croyait. Nos familles n'avaient pas les moyens de nous aider. Et la région ne voulait pas nous suivre", déplore l'entrepreneur avant de préciser :

On s'est remis en question et on s'est rendu compte qu'il fallait que l'on parvienne à convaincre par l'exemple.

Raibed et Fatia Tahri décident de prendre le taureau par les cornes et de vendre leur maison pour investir dans la création de leur usine de production. Une décision qui effraie leurs proches. "Mes parents, par exemple, étaient contre que l'on se lance. C'est une autre génération. Ils sont arrivés en France et ont dû se créer une sécurité. Ils ne comprenaient pas forcément, alors que nous avions des CDI, que nous nous remettions en insécurité pour concrétiser notre projet", détaille Raibed Tahri. C'est pourtant avec l'aide de leurs familles qu'ils réaliseront l'ensemble des travaux et qu'ils parviendront à élaborer les premiers biscuits dans leurs propres lignes de production dès l'été 2019.

Interpeller et convaincre

Commence alors une autre épreuve pour le couple : réussir à démarcher les enseignes de grande distribution pour se faire référencer. Là encore, les deux entrepreneurs parviendront à convaincre par leur audace. Raibed Tahri affirme :

Il fallait que ça aille vite. Nous n'avions pas le temps d'attendre deux ans pour nous constituer une trésorerie. Donc nous avons décidé de contacter directement les directeurs d'enseigne.

Un culot qui portera ses fruits puisque fin 2019, Franprix référence Pap et Pille dans 300 de ses magasins. Le couple fera d'ailleurs de l'audace sa marque de fabrique pour parvenir à faire parler de sa marque et capter l'attention des politiques. Raibed Tahri parviendra ainsi à interpeller Laurent Wauquiez, président de la région Rhône-Alpes, sur le manque de soutien des institutions pour son projet. Raibed Tahri confie alors :

Quand il m'a donné un rendez-vous et permis de pitcher devant ses équipes, j'ai compris qu'avec de l'audace, on pouvait, avoir accès à n'importe qui.

Et Raibed Tahri récidivera pour rencontrer Emmanuel Macron mais aussi pour convaincre d'autres entrepreneurs de le soutenir. "Je me suis fait passer pour un livreur Chronopost pour rencontrer Anthony Bourbon, fondateur de Feed, et décrocher un entretien. Aujourd'hui, il est l'un de nos investisseurs", affirme-t-il.

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Garder la tête froide

Pourtant, si l'aventure Pap et Pille est désormais un succès, les deux entrepreneurs ont bien failli mettre la clé sous la porte. Notamment pendant la crise sanitaire. "Nous étions encore infirmiers. Nous avons été réquisitionnés pour travailler et on était persuadé que notre entreprise de parviendrait pas à survivre", se rappelle Raibed Tahri, avant de préciser :

Fatia a eu l'idée de digitaliser Pap et Pille et de booster la vente en ligne en faisant appel à des influenceurs. Notre simplicité les a convaincus et ils ont parlé de nous. Notre chiffre d'affaires a alors explosé !

Non sans difficultés, le couple parvient à passer la crise sanitaire. Raibed restera infirmier jusqu'en août 2022, tandis que Fatia se consacrera à 100 % à l'entreprise. Le couple fera le buzz lors de son passage à Qui veut être mon associé ? en 2022 et convaincra Jean-Pierre Nadir de les accompagner. Une période d'euphorie qu'il a fallu appréhender. "Quand tous les voyants sont au vert, on peut vite ne plus avoir les pieds sur terre. On peut s'emballer et ne plus être mesuré dans ses décisions", affirme l'entrepreneur. Et ce dernier l'assume : des erreurs ont été commises. "Par exemple, quand on a conclu un gros contrat avec une enseigne de grande distribution, on a commandé notre packaging pour une année. Or, il ne faut jamais faire ça, car cela implique de sortir beaucoup de trésorerie pour des packagings qui peuvent devenir obsolètes et inutilisables", rappelle-t-il.

Rencontrer et parler de son projet

Un mauvais choix stratégique qui n'aura pas été le seul. Mais pour le couple, les erreurs ont permis de faire le succès de Pap et Pille aujourd'hui. "Une mauvaise décision peut vous faire perdre 40 000 euros, mais au final, celle-ci vous a peut-être éviter d'en perdre 100 000 euros", insiste Raibed Tahri, avant d'ajouter :

L'entrepreneuriat c'est une succession d'erreurs. Tant que vous ne les avez pas vécues, vous ne pouvez pas savoir que ce n'est pas le bon chemin.

Aux futurs entrepreneurs, Raibed Tahri conseille une chose essentielle : ne pas avoir peur de parler de son projet et être à l'écoute. "Il faut partager, discuter et partager avec votre réseau. Être entreprenru, c'est être une éponge. Et savoir écouter tout le monde, même celui qui vient de se lancer. Ne vous dites pas 'c'est un petit' car il peut vous apporter de précieux conseils. Ne négligez aucune rencontre, même si vous avez l'impression de perdre du temps, les répercussions ne seront que positives", conclut Raibed Tahri.

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