Un premier semestre mitigé pour le commerce spécialisé

Camille Boulate
Un premier semestre mitigé pour le commerce spécialisé

À l'occasion de sa conférence de presse semestrielle, Procos est revenu sur les performances du commerce spécialisé pour les six premiers mois de l'année. Si le chiffre d'affaires en magasins repart à la hausse, les ventes en volumes continuent de baisser. Explications.

L'heure du premier bilan a sonné pour le commerce spécialisé. Procos a tenu sa traditionnelle conférence de presse afin de dresser le constat, avant la période estivale, de l'activité sur les six premiers mois de l'année. Des résultats qui sont d'ailleurs en demi-teinte. En effet, si l'activité en magasins, en termes de chiffre d'affaires, repart légèrement à la hausse (+ 3 %), les ventes en volume sont, quant à elles, en baisse (-0,5 %). "Cela s'explique en partie par l'inflation. Tous les secteurs ont subi des hausses de prix", explique Emmanuel Le Roch, délégué général de Procos. Et ce dernier précise :

La période est favorable aux enseignes qui ont une image prix très basse.

Dans le détail, certains secteurs performent. La beauté-santé reste le domaine le plus plébiscité par les Français sur les six premiers mois (+13,1 %). "Les consommateurs ont repris leurs habitudes d'avant-Covid sur la parfumerie et le maquillage. Et il y a aussi eu une très grosse hausse des prix sur ces produits", insiste Emmanuel Le Roch. La restauration (+7,2 %) et le marché de la chaussure (+6,6 %) clôturent le trio de tête. "Pour la chaussure, c'est une grosse surprise aux vues des difficultés du marché. Mais cela peut s'expliquer par la disparition de certains acteurs", analyse Emmanuel Le Roch.

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L'équipement de la maison en difficultés

En revanche, malgré une légère hausse de l'activité (+0,3 %), l'habillement est toujours à la peine. Autre domaine en difficulté, celui de l'équipement de la maison. Impactés par un marché de l'immobilier en berne, les acteurs du secteur affichent une chute de leurs performances de 1,4 %. Au premier semestre. "C'est une période un peu compliquée pour ce segment de marché, avec une baisse des volumes de vente notamment dans le bricolage et l'électroménager. Mais on ressort de deux années extrêmement favorables pour le marché. Les ventes ont été très bonnes pendant la crise sanitaire, il ne faut pas l'oublier. ", souligne Emmanuel Le Roch, avant de rappeler :

Aussi, une grande partie des achats de ce marché sont liés à des projets coûteux. Dans des périodes d'inflation, les consommateurs reportent certains de leurs projets.

Le marché culture-cadeaux-jouet voit également son activité baisser depuis le début de l'année (-1,5 %). Côté fréquentation, les deux premiers mois de l'année ont retrouvé un flux de client positif (+5,7 % en janvier et +6,4 % en février). Mais une chute progressive s'est amorcée depuis le mois de mars. "Les consommateurs se déplacent beaucoup moins au hasard, pour flâner et acheter sous impulsion. Ils préparent leurs achats et quand ils se déplacent, ils achètent davantage", détaille Emmanuel Le Roch.

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Un début de soldes impacté par les émeutes

Sur le mois de juin, l'activité du commerce spécialisé est globalement positive (+ 6 %). Malgré tout, il reflète la tendance constatée sur les six premiers mois de l'année avec un marché de l'équipement de la maison en baisse (-5 %) et ceux de la beauté-santé (+14,2 %) et de la chaussure (+15,2 %) en nette hausse. Emmanuel Le Roch note ainsi :

C'est plutôt un bon mois. Il s'agit du troisième mois le plus dynamique depuis le début de l'année en termes de chiffre d'affaires.

Une bonne nouvelle, surtout au regard des événements récents liés aux émeutes ayant fortement impacté les commerçants. Procos a en effet profité de ce premier bilan pour réaliser un focus sur les événements de ces derniers jours, déplorant les importantes dégradations rencontrées par les commerçants. "Pour ceux qui ont été grandement impactés et qui ont vu leurs établissements brûlés et/ou pillés, des questions se posent concernant leur réouverture. Cela met en évidence le sujet des contrats d'assurance et notamment celui lié à la prise en charge de la perte d'exploitation, qui est loin d'être systématique", explique Emmanuel Le Roch.

Toutefois, la fédération a tenu à souligner la décision du gouvernement concernant l'ouverture des magasins le dimanche 9 juillet et le rallongement des soldes d'une semaine, jusqu'au 1er août. Emmanuel Le Roch précise ainsi :

Une nouvelle fois, les événements de ces derniers jours sont tombés à un moment clé pour le commerce : le début des soldes.

Et le délégué général de Procos précise : "Le rallongement des soldes n'aura peut-être pas de grandes conséquences sur le chiffre d'affaires, car nous savons que les achats se concentrent sur les premières semaines des soldes. Mais il faut saluer la réactivité du gouvernement et cette possibilité d'avoir un rattrapage de l'activité, notamment via l'ouverture accordée dimanche prochain."

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Un avenir encore (très) incertain

Pour les prochains mois, la fédération semble plutôt optimiste. Malgré une inflation encore élevée, celle-ci devrait se stabiliser. "Les tensions sur les prix de l'énergie et l'alimentaire devrait être moins forte. Cela peut générer un léger espoir du côté des commerçants", souligne Emmanuel Le Roch, avant de préciser :

Si l'alimentaire capte moins de pouvoir d'achat, le reste disponible pour consommer d'autres produits sera sûrement plus élevé.

Mais des incertitudes persistent, notamment sur les loyers. Si le gouvernement a acté un plafonnement des loyers commerciaux pour les TPE/PME, les ETI et donc les enseignes ont à nouveau été exclues du dispositif. "Nous sommes évidemment déçu de cette décision. Selon le gouvernement, les enseignes sont plus à mêmes de négocier avec leurs bailleurs. Or, sur le terrain, on sait que ce n'est pas le cas", détaille Emmanuel Le Roch, avant de conclure : "Cela aura forcément un impact et entraînera, à terme des fermetures de magasins. Il ne faut pas oublier qu'au premier semestre, beaucoup de défaillances ont eu lieu. Au-delà du sujet économique, cela aura des conséquences sur la vacance commerciale dans certaines villes." 

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